Son périple armé dans Paris, en 2013, l’avait mené de BFM-TV à la Société générale, en passant par Libération, où il avait grièvement blessé un assistant photographe : Abdelhakim Dekhar a vu sa peine de vingt-cinq ans de réclusion criminelle confirmée en appel, jeudi 13 septembre. Le verdict des assises de l’Essonne confirme la peine prononcée en 2017 en première instance, assortie d’une période de sûreté des deux tiers.

Mais il élargit la culpabilité du « tireur de Libé », conformément au souhait de l’accusation : M. Dekhar est non seulement reconnu coupable de tentatives d’assassinat sur l’assistant photographe de Libération et sur un journaliste de BFM-TV, comme au premier procès, mais aussi sur deux employées de la Société générale.

La cour est restée insensible au nouveau visage affiché par M. Dekhar, celui d’un « loser » qui n’a « jamais voulu tuer ». Elle a préféré suivre l’avocat général, Jean-Christophe Crocq, qui a dépeint un « guérillero maladroit » n’ayant manqué ses cibles à BFM-TV et à la Société générale que par malchance ou gaucherie.

« Je n’ai jamais voulu tuer ou heurter qui que ce soit »

En novembre 2013, Abdelhakim Dekhar avait semé l’effroi à Paris et ses alentours, armé d’un fusil à pompe. Après cinq jours de traque, les policiers l’avaient retrouvé dans une voiture, remplie de médicaments qu’il venait d’ingérer. « Je n’ai jamais voulu tuer ou heurter qui que ce soit », a juré M. Dekhar. A Libération, il avait atteint l’assistant photographe, César Sébastien, dans le dos avec une munition pour sanglier, selon l’expertise balistique.

Ses avocats ont tenté de nourrir le doute. « Il voulait faire un mauvais coup », ont-ils reconnu mais « à moins d’avoir une boule de cristal, personne ne peut affirmer » l’intention meurtrière. Au siège de BFM-TV, impossible de voir via la vidéosurveillance si son doigt est sur la détente, ont-ils argué. Devant la banque, il « relève le canon de son arme » au moment de tirer, selon des témoins. Un geste volontaire ? La défense a échoué à requalifier les faits en violences volontaires avec préméditation. Une démarche « téméraire et insultante pour les victimes », a tancé froidement l’avocat général.