Marine Le Pen, le 17 février 2019. / STEPHANE MAHE / REUTERS

Le parquet de Nanterre a requis le renvoi de Marine Le Pen devant un tribunal pour la publication de photos d’exactions de l’organisation Etat islamique (EI) sur son compte Twitter en 2015, a-t-on appris, vendredi 1er mars, de sources concordantes.

Le parquet a demandé, dans un réquisitoire daté du 19 décembre, un procès pour la présidente du Rassemblement national (RN) et pour le député RN Gilbert Collard, tous deux mis en examen pour « diffusion d’images violentes », confirmant une information du Parisien. Il revient désormais à la juge d’instruction d’ordonner, ou non, un procès pour les deux élus.

Marine Le Pen est mise en cause pour avoir tweeté le 16 décembre 2015 trois photos d’exactions de l’EI. Les images montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos. Accusant le journaliste Jean-Jacques Bourdin de faire un « parallèle » entre l’EI et le RN (alors Front national), elle avait accompagné ces photos des mots : « Daech, c’est ça. » M. Collard avait, quant à lui, diffusé la photo d’un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire : « Bourdin compare le FN à Daech : le poids des mots et le choc des bobos ! »

« Persécution politique »

« On a totalement déformé la lettre et l’esprit d’un texte [de loi] qui est fait pour protéger des mineurs », a réagi Me David Dassa le Deist, avocat de Marine Le Pen, qui dénonce une « persécution politique ».

« C’est un acharnement », a aussi estimé Me Jean-Marc Descoubes, avocat de Gilbert Collard, qui juge lui aussi que l’article invoqué n’est pas « applicable » aux faits. Par ailleurs, « M. Collard avait pris le soin, par rapport à ses deux tweets, de faire des commentaires explicatifs et pédagogiques », a-t-il ajouté.

Après s’être vu retirer son immunité parlementaire, Mme Le Pen a été mise en examen le 1er mars 2018 pour « diffusion de message violent susceptible d’être vu ou perçu par un mineur », deux mois après M. Collard.

En septembre, elle s’était insurgée contre une expertise psychiatrique ordonnée par la justice dans le cadre de cette enquête – un examen pourtant prévu par la procédure pénale. Dénonçant une « méthode » utilisée « dans les régimes totalitaires », elle avait déclaré qu’elle ne se rendrait « bien entendu » pas à cette expertise.