Le pape François avec les représentants de la conférence des évêques américains, le13 septembre 2018, à Rome. / VATICAN MEDIA / REUTERS

Le résultat de la rencontre « longue et fructueuse » est demeuré confidentiel. Le pape François a reçu quatre représentants de la conférence des évêques américains (USCCB), jeudi 13 septembre, à Rome, en pleine tempête autour des abus sexuels commis au sein de l’Eglise catholique, notamment aux Etats-Unis.

Cette réunion faisait suite à une demande formulée par le président de l’USCCB, le cardinal Daniel DiNardo, archevêque de Houston, en août, après les révélations de la justice de Pennsylvanie sur des décennies de violences sexuelles dans cet Etat, sur plus de 1 000 enfants.

Mgr DiNardo avait souhaité que le Vatican charge une commission d’enquête pour élucider qui savait quoi, dans la hiérarchie catholique, sur les dérives sexuelles reprochées à l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick. En juillet, celui-ci a été contraint de rendre son titre de cardinal, à la demande du pontife argentin. Les accusations portées dans une lettre contre le pape et de très hauts responsables de la curie romaine par un ancien diplomate, Mgr Carlo Maria Vigano, le 26 août, avaient conduit le chef de file de l’épiscopat américain à insister.

« Graves erreurs morales »

Il avait demandé un examen « rapide et complet » des raisons pour lesquelles « les graves erreurs morales » de Theodore McCarrick « avaient pu être tolérées pendant si longtemps et ne pas entraver son avancement ». Aucune enquête n’a cependant été annoncée jeudi. Lundi, la commission des neuf cardinaux qui conseillent François avait indiqué que « des éclaircissements » seraient apportés par « le Saint-Siège » après la lettre de Mgr Vigano, mais aucune date n’avait été avancée.

Un autre épisode intervenu jeudi témoigne que la source des révélations n’est sans doute pas tarie dans l’Eglise catholique. Au moment précis où débutait la réunion dans le bureau du pape, un communiqué du Vatican annonçait que celui-ci avait accepté la démission de Mgr Michael Bransfield, l’évêque de Charleston, en Virginie-Occidentale, et qu’il chargeait l’archevêque de Baltimore, William Lori, d’assurer l’intérim. De son côté, ce dernier indiquait qu’il était chargé d’« enquêter sur des accusations de harcèlement sexuel d’adultes contre Mgr Bransfield ». Il a mis une ligne téléphonique à la disposition d’éventuelles victimes.

Ce n’était pas tout. Mardi, un prêtre du diocèse de Mgr DiNardo, le chef de file des évêques, a été arrêté. Un homme de 36 ans l’accuse de l’avoir agressé sexuellement lorsqu’il était lycéen, entre 1998 et 2001. Dans un communiqué, le diocèse évoque aussi le cas d’une jeune fille ayant accusé ce même prêtre d’attouchements en 2001.

Prise de conscience

Mais ses parents n’avaient finalement pas porté plainte et, après une enquête interne, il avait pu reprendre ses fonctions en 2004. Dans une enquête publiée mercredi par l’agence Associated Press, deux victimes de ce prêtre accusent l’archevêque d’inertie en dépit des plaintes.

Mercredi également, dans le cours de cette semaine totalement dominée par le sujet des violences sexuelles, le pape François a convoqué à Rome, pour une réunion sur « la protection des mineurs », les présidents de toutes les conférences épiscopales dans le monde (soit plus d’une centaine), du 21 au 24 février 2019.

Cette initiative sans précédent traduit la prise de conscience que les abus sexuels ecclésiastiques ont une dimension universelle et ne sont pas limités à certaines Eglises. En revanche, elle devrait être critiquée par les associations de victimes, qui estiment que le comportement des épiscopats a jusqu’ici davantage fait partie du problème que de la solution.

Un sondage diffusé mercredi par la chaîne américaine CNN révèle une chute de popularité du pape François aux Etats-Unis. Seulement la moitié des Américains (48 %) se déclare favorable au pontife argentin, contre 72 % en décembre 2013, la première année de son pontificat. Parmi les catholiques américains, sa cote a aussi baissé à 63 %, contre 83 % dix-huit mois plus tôt, souligne cette même enquête.