Avec le Bol d’or moto, Le Castellet veut oublier les polémiques autour du Grand Prix de F1 en juin
Avec le Bol d’or moto, Le Castellet veut oublier les polémiques autour du Grand Prix de F1 en juin
Par Catherine Pacary
Quelque 70 000 fans de la moto sont attendus ce week-end sur le circuit varois. En juin, le Grand Prix de F1 avait été marqué par de gigantesques embouteillages pour accéder au circuit et pour le quitter.
« Le Castellet remercie le Bol d’or ! » Stéphane Clair, directeur du circuit varois, ne cache pas son plaisir d’accueillir, du 15 au 17 septembre, la course d’ouverture du championnat du monde d’endurance moto. Il le cache d’autant moins qu’il entend profiter de cette manifestation à l’ambiance bon enfant, qu’il reçoit pour la quatrième fois, pour, sinon tirer un trait, du moins faire oublier les flots de critiques — voire pire — qu’il a dû subir après l’organisation du Grand Prix de France de formule 1, le 24 juin.
Ce dernier avait été marqué par d’énormes problèmes de transport pour accéder au circuit et pour le quitter. « Les embouteillages ! Même trois mois après, c’est la seule chose que l’on retient du Grand Prix de France de F1 », déplore Dominique Clément, secrétaire générale du Groupement d’intérêt public (GIP) Grand Prix de France Le Castellet.
Pourtant, « nous avons été encensés pour l’organisation du Grand Prix sur le site », rappelle pour sa part Stéphane Clair, et la gestion de la course a été plébiscitée par la FOM, promoteur du championnat mondial de F1. Surtout, « on a réussi à faire revenir la F1 en France, c’était un vrai défi. On a réussi à remplir comme jamais un Grand Prix de France », poursuit M. Clair.
Personne ne s’attendait à une telle affluence
Le problème, justement, c’est que ce « remplissage comme jamais » n’avait pas vraiment été anticipé au niveau des voies d’accès au circuit. Le vendredi 22 juin en fin de matinée, alors que l’organisation attendait 15 000 visiteurs, ce sont en réalité 30 000 qui ont tenté de converger vers le plateau du Castellet.
Ajoutez à ça les habituels embouteillages de fin de semaine « et patatras », comme le résume Gilles Dufeigneux, directeur général du GIP. Les questions de mobilité avaient pourtant été étudiées depuis seize mois par un comité de pilotage.
Après une réunion de crise improvisée le vendredi soir et quelques réglages (passage des contrôles systématiques aux contrôles aléatoires aux entrées-sorties des parkings, diffusion de messages incitant les spectateurs à étaler leurs arrivées…), les 40 000 spectateurs venus le samedi ne rencontreront aucune difficulté majeure.
Mais le dimanche sera lui aussi catastrophique. « Le soir, on a eu un orage terrible au début du concert de David Guetta [DJ] qui pourtant avait bien joué son rôle », retenir une partie du public afin que les 70 000 spectateurs ne convergent pas tous en même temps vers la sortie, se souvient Stéphane Clair. La pluie a fait se ruer la foule vers les parkings. « Les incivilités de notre beau pays font le reste. »
Il faudra à certains trois à quatre heures pour sortir de l’enceinte. Dans les parkings, 1 500 voitures, sur 23 000 enregistrées, restent bloquées près de trois heures. Sans minimiser les problèmes, Gilles Dufeigneux précise : « Sur 70 000 billets vendus, il y a eu 2 050 plaintes déposées, et toutes ont été traitées. »
160 000 euros déboursés
A l’occasion de la réception du Grand Prix de F1, fin juin, le circuit du Castelet avait fait appel aux forces de l’ordre - la gendarmerie en l’occurrence - pour organiser la circulation. Et le GIP Grand Prix de France Le Castellet avait payé pour cette prestation. « Le GIP a payé plus de 160 000 euros », révèle Gilles Dufeigneux, le directeur général. « En France la compétence de la mobilité dépend de l’Etat », rappelle-t-il, soulignant que « les services de l’Etat ont fait un super-job ». Il déplore toutefois que ces derniers aient « abordé cet événement comme il y a vingt ans. » « La préparation de ce type d’événement n’est pas qu’une question de moyens pour animer les ronds-points. Il y a un travail de modélisation à faire », avance-t-il. Il faudra en tenir compte pour l’édition 2019.
« Tout n’est pas dans les infrastructures »
Avec le Bol d’Or, il ne devrait pas y avoir de problème, puisque ce sont essentiellement des motards qui viennent. En deux roues. Donc, a priori, pas de bouchons. Mais le GIP Grand Prix de France Le Castelet, lié par contrat à la FOM pour cinq ans, se projette dès à présent au 23 juin 2019, date du retour des F1 sur le circuit. Et cherche à tirer les leçons de ce qu’il s’est passé en juin.
« Ces questions de mobilité doivent être appréhendées avec plus de technologies. Tout n’est pas dans les infrastructures. On ne fera pas d’autoroute jusqu’au Castellet. » L’éventuelle gratuité des parkings relais est étudiée, et l’édition restera contingentée à 70 000 spectateurs.
L’objectif à atteindre doit de plus être raisonnable. « Cela ne me semble pas illogique que l’on passe une heure et demie pour sortir d’un parking. Et que l’on rajoute une heure à son temps de trajet pour Toulon ou pour accéder à l’autoroute », jauge Stéphane Clair.
Lors du dernier Grand Prix de Belgique, à Spa, le 26 août, les spectateurs ont mis entre trois et quatre heures pour sortir de l’enceinte, « sans que cela fasse la “une” du JT ou de la presse », souligne Dominique Clément.
Des études, dont le détail sera présenté en même temps que le bilan financier au GIP, en octobre, permettront d’affiner les mesures. Des décisions seront ensuite. Pas avant janvier.
« On m’avait dit la F1 rend fou. Je pense effectivement qu’on est dans un secteur d’activité totalement différent par rapport aux autres sports mécaniques. Tout prend des proportions incroyables. » C’est la leçon que Stéphane Clair veut tirer de cette première édition. En attendant, il veut montrer, avec le Bol d’or ce week-end, qu’il peut accueillir sans problème une grande compétition.
Le championnat du monde d’Endurance moto débute au Castellet les 15 et 16 septembre pour les 33 équipes engagées, en nette progression par rapport aux 20 de la saison précédente. / PAUL RICARD