A Divonne-les-Bains, Laurent Wauquiez se pose en défenseur de la « France périphérique » et des classes moyennes
A Divonne-les-Bains, Laurent Wauquiez se pose en défenseur de la « France périphérique » et des classes moyennes
Par Olivier Faye
Le président du parti Les Républicains participait, jeudi, aux journées parlementaires de son parti, dans l’Ain. Longtemps jacobine, la droite tient aujourd’hui un discours en faveur des « territoires ».
A chacun son étiquette pour critiquer Emmanuel Macron : La France insoumise (LFI) dépeint le chef de l’Etat en « président des riches » ; le parti Les Républicains (LR), lui, en a fait un « président des villes »… Jeudi 20 septembre, la formation présidée par Laurent Wauquiez a insisté sur cet angle d’attaque à l’occasion de ses journées parlementaires, organisées à Divonne-les-Bains (Ain). « Il ne peut pas y avoir d’un côté ceux qui semblent promis à la réussite de la mondialisation et ceux qui sont abandonnés à un silence assourdissant », a dénoncé M. Wauquiez lors d’un discours prononcé devant environ 500 personnes.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est appuyé sur les propos tenus le matin même par le premier ministre, Edouard Philippe, sur France Inter, qui a assumé « d’augmenter l’impôt sur la pollution » en instaurant une hausse des taxes sur les carburants. « Non, ils ne polluent pas, ils travaillent monsieur le premier ministre », a lancé M. Wauquiez, se posant en porte-voix des « sept Français sur dix » qui prennent leur voiture pour aller travailler. « Croit-il que l’on a le choix ? Que vous avez le métro à votre porte ? », a-t-il encore interrogé.
Un peu plus tôt, Damien Abad, vice-président des Républicains et député de l’Ain, invitait déjà Emmanuel Macron à « [traverser] la France, la vraie France, pas celle du CAC 40 et des ors de la République, mais celle qui subit de plein fouet vos hausses de CSG, de gazole, ou encore vos baisses d’APL ou pensions de retraités ». Celle des « milieux de cordée », a résumé M. Wauquiez.
Depuis un an, la droite, longtemps associée à la tradition jacobine – qui défend une concentration des pouvoirs dans les mains de l’Etat –, se découvre des accents girondins et décentralisateurs. « Il faut que l’Etat se concentre sur le régalien et fasse confiance aux acteurs de proximité », convient M. Abad, qui dénonce dans le pouvoir de M. Macron une « France désincarnée et tenue par la haute administration ».
« Il faut reconquérir les Français partout »
Cette stratégie est encouragée par la rupture creusée ces derniers mois entre l’Etat et les collectivités locales. Mais aussi par le fait que La République en marche (LRM) a obtenu, en 2017, d’excellents résultats dans les grandes métropoles. Reste donc, dans ce contexte, à défendre la « France périphérique », celle des territoires ruraux et périurbains.
Sous l’impulsion de Damien Abad et de Guillaume Peltier, vice-président de LR et député du Loir-et-Cher, la droite a donc lancé, en juin 2017, une mission sur la France des territoires, qui a rendu, jeudi, 20 propositions « pour la ruralité ». Parmi elles, la mise en place d’un ticket carburant, sur le modèle des tickets restaurants. Ou encore une « couverture numérique intégrale du territoire » et une « relocalisation de l’apprentissage ». « Il y a une incompréhension des spécificités des territoires ruraux, qui sont oubliés, incompris, méprisés par le président de la République », dénonce Christian Jacob, président du groupe LR à l’Assemblée nationale.
Mais cette dichotomie entre France des villes et France des campagnes ne va pas sans susciter des heurts au sein de la droite. « Nous ne pourrons pas nous contenter de dénoncer la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires », grince un dirigeant du parti. « Il faut reconquérir les Français partout », plaide quant à lui Eric Woerth, député de l’Oise. Une position partagée par Nicolas Sarkozy, qui prévenait devant ses visiteurs, ces derniers mois, contre le risque de diviser le pays.
Conscient de cet écueil, M. Wauquiez a corrigé son discours à la marge, jeudi, pour rejeter Emmanuel Macron dans la posture du diviseur, celle d’un président de la République qui « oppose tout le monde ». « La France n’a pas besoin d’opposition entre les métropoles et les territoires ruraux », a-t-il fait valoir. Dans une tribune publiée en octobre 2017, dans Le Journal du dimanche, M. Wauquiez fustigeait la « haine de la province » qui habiterait M. Macron, « le plus parisien des présidents qu’on n’ait jamais eus ». Mais ça, c’était avant. La mission « France des territoires » de LR doit se déployer, ces prochaines semaines, sur la politique de la ville. Où la droite espère bien trouver, là aussi, des déçus d’Emmanuel Macron.