La justice lève pour sept jours l’interdiction au Kenya du film « Rafiki »
La justice lève pour sept jours l’interdiction au Kenya du film « Rafiki »
La sortie dans son pays du long-métrage, qui raconte une histoire d’amour entre deux femmes, lui permettra de briguer une nomination aux Oscars.
La réalisatrice de « Rafiki », Wanuri Kahiu, entourée de ses deux actrices principales, Sheila Munyiva et Samantha Mugatsia, sur le tapis rouge du Festival de Cannes en mai 2018. / Eric Gaillard / REUTERS
La justice kényane a levé pour sept jours, vendredi 21 septembre, la censure du film Rafiki, afin de lui permettre de briguer une nomination aux Oscars. Le long-métrage kényan, dont le titre signifie « ami » en swahili, était interdit de diffusion dans son pays au motif qu’il traite d’une histoire d’amour entre deux femmes.
Saisie par la réalisatrice, Wanuri Kahiu, et l’ONG Creative Economy Working Group, la Haute Cour de Nairobi a toutefois précisé que le film ne pourra être vu que par des « adultes consentants ».
Du fait de lois héritées de l’Empire colonial britannique, l’homosexualité reste illégale dans ce pays d’Afrique de l’Est. La commission de la censure avait interdit le film en raison de « son thème homosexuel et de son but évident de promouvoir le lesbianisme au Kenya, ce qui est illégal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple kényan ».
Le 30 septembre, date limite
Or, les critères de sélection pour les Oscars dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère imposent une « sortie du film dans le pays qui le soumet entre le 1er octobre 2017 et le 30 septembre 2018 », et ce « pour une période de sept jours consécutifs dans une salle de cinéma à but commercial ».
A l’approche de la date limite du 30 septembre, une injonction autorisant la diffusion du long-métrage a été émise car, a argumenté la juge Wilfrida Okwany, si Wanuri Kahiu « devait manquer l’inscription pour les nominations, aucun tribunal n’aurait la capacité de traiter une plainte en vue de compenser la célébrité, la gloire et l’exposition que peuvent apporter une nomination pour les Oscars ».
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De plus, a ajouté la juge, le tribunal « ne doit pas déterminer si l’homosexualité est bonne ou mauvaise, si elle est morale ou immorale, mais bien si un artiste ou un réalisateur a le droit, en exerçant son droit à la liberté d’expression et à la créativité artistique, de réaliser un film au thème homosexuel ».
« Outil publicitaire »
La réalisatrice Wanuri Kahiu a réagi sur Twitter : « Je pleure. Je suis dans un aéroport français. Quelle joie ! Notre Constitution est forte ! Remerciez la liberté d’expression !!!! Nous l’avons fait ! Nous donnerons très bientôt des informations sur la diffusion à Nairobi. » Le compte Twitter du film Rafiki a, lui, assuré que le long-métrage serait diffusé dans un cinéma de la capitale du 23 au 29 septembre.
La commission kényane de la censure, tout en exprimant sa « tristesse » qu’un « film glorifiant l’homosexualité soit l’outil publicitaire du pays à l’étranger », a indiqué dans un communiqué qu’elle respecterait la décision de justice une fois que celle-ci lui sera officiellement notifiée.
Rafiki a été en mai le premier film kényan jamais sélectionné au Festival de Cannes, où il a été présenté dans la sélection Un certain regard. Adapté de la nouvelle Jambula Tree de l’Ougandaise Monica Arac de Nyeko, il raconte l’histoire d’un coup de foudre entre deux jeunes femmes appartenant à des camps politiques opposés.
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