L’université de rentrée du MoDem, à Guidel (Morbihan), aura été l’occasion pour son président, François Bayrou, d’adresser un message de protestation à La République en marche (LRM), et à l’Elysée, sur le fonctionnement de la majorité politique dont il fait partie :

« La majorité a besoin de voix libres qui s’expriment en son sein, pas de corset. Quand on est responsable, on a envie que tout soit carré, mais la liberté d’expression, de pensée est beaucoup plus fructueuse. »

M. Bayrou a établi un parallèle entre sa formation politique, formée en 2007, et celle du chef de l’Etat, qui avaient toutes deux vocation à « faire lever une génération qui renouvelait le clivage droite-gauche ». Cette « proximité dans les aspirations nous oblige à parler non pas comme concurrents mais en coresponsables, chacun à sa place mais aussi chacun dans cette égale certitude de cette responsabilité ».

« J’appelle tous ceux dans la majorité à exprimer leurs propositions sans qu’on considère qu’il y ait une atteinte à quelque principe majoritaire que ce soit », a-t-il ajouté. Une critique indirecte du principe qui interdit aux députés LRM de signer des textes ne venant pas de leurs rangs.

« Fort bien compris le message »

Les propos de M. Bayrou rappellent que la relation entre le MoDem et LRM est de plus en plus compliquée. Les centristes avaient décidé de porter, pour adresser « un signal », une candidature surprise à la présidence de l’Assemblée nationale, celle de leur président de groupe, Marc Fesneau. Il avait recueilli 86 voix, bien plus que les 46 députés de son parti.

Christophe Castaner, délégué général de LRM et ministre des relations avec le Parlement, était à Guidel pour l’université d’été. Il a « fort bien compris le message. L’amélioration [du quinquennat] doit se construire de façon loyale et exigeante ».

Comme le rapportait Le Monde le 14 septembre, le mécontentement grandissant du MoDem n’est pas négligé par l’exécutif. « On a un œil sur François Bayrou et ses élus. Ils peuvent donner de la voix à tout moment, il faut faire attention », met en garde un ministre.