Chirurgie dentaire : accueil de patients fantômes à l’université de Strasbourg
Chirurgie dentaire : accueil de patients fantômes à l’université de Strasbourg
Par Isabelle Maradan
Radiologie sur faux patients, consultations sur mannequin interactif… La faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg ouvre mardi la première unité de simulation clinique et radiologique en France.
Un mannequin interactif, sorte de patient « fantôme », donne la possibilité aux étudiants d’aborder les actes de chirurgie dentaire dès les années précliniques durant lesquelles ils ne peuvent pas encore toucher aux « vrais » patients. / Université de Strasbourg
Le 25 septembre débarquent à la faculté de chirurgie dentaire de l’université de Strasbourg (Unistra) quatre nouveaux patients. Sans vie – et même sans corps pour trois d’entre eux – mais pas sans réaction, lorsqu’ils s’installeront sur les fauteuils de la nouvelle unité de simulation clinique et radiologique, inaugurée ce mardi. C’est tout l’intérêt de ce type de robot de simulation interactif : il a tout du vrai patient.
« Nous souhaitions donner la possibilité aux étudiants d’aborder, lors des deux années précliniques durant lesquelles ils ne touchent pas aux patients, tous les actes qu’ils effectuent ensuite en clinique à partir de la 4e année », résume Corinne Taddei-Gross, doyenne de la faculté de chirurgie dentaire. En clair, former au plus près des conditions réelles, dès la deuxième année d’études, les futurs praticiens à la prise d’empreintes, aux consultations, aux situations de crise.
Toutes les fonctions physiologiques d’un être humain
Les trois mannequins sans corps sont destinés à la radiologie. Munis de toutes les fonctions physiologiques d’un être humain, ils sont en mesure d’exposer leurs souffrances à ceux qui procèdent au diagnostic. Le mannequin « fantôme haute performance », comme l’appelle la doyenne, peut parler, tomber dans les pommes, etc. Derrière une vitre sans tain, un enseignant sera aux commandes du « fantôme » dès le début du deuxième semestre universitaire. Il pourra lui faire simuler une situation de malaise, voire répéter un scénario mal appréhendé lors d’une précédente simulation. Des étudiants situés dans une salle mitoyenne observeront la scène sur écran ou tablette et pourront interagir par le biais de leurs smartphones. Filmées et enregistrées, ces consultations sur robot sont destinées à être non seulement vécues mais analysées par les étudiants et leurs formateurs.
Si les étudiants de l’Unistra pouvaient déjà se faire la main sur les 135 mannequins de simulation disponibles, « il manquait la possibilité de s’entraîner en radiologie sur des faux patients “en os”, comme s’il s’agissait de vrais patients, expose Corinne Taddei-Gross. Nous ne disposions pas non plus de l’équipement nécessaire pour permettre de reproduire des situations de consultations précliniques sur un patient qui réagit ». Jusqu’alors les étudiants procédaient parfois à des examens entre eux – s’exposant à des irradiations.
Formation des enseignants
Plus d’un an s’est écoulé entre la conception du projet, la défense du dossier, la recherche de fonds et les travaux nécessaires pour restructurer la salle qui accueille cette unité de simulation. Cette installation innovante a bénéficié d’un financement Idex (Initiatives d’excellence) à hauteur de 125 000 euros. Le mécénat de trois industriels du secteur (NSK, Philips et Gold Conseil), approchés par la doyenne en parallèle, a permis de boucler le budget global de 286 000 euros (158 000 pour les mannequins et équipement audiovisuel et 128 000 pour le mobilier et les travaux d’aménagement).
Prochaine étape : la formation des enseignants, à raison de deux à trois jours chacun. Suivront ensuite quelques semaines d’entraînement à la maîtrise des outils avant de démarrer les premiers travaux dirigés. Mannequins et « fantômes » prendront leur service à temps plein au début du deuxième semestre universitaire. Ils contribueront à la formation du millier d’étudiants que compte la faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg, en formation initiale ou continue (praticiens et prothésistes).
Egalement présidente de la conférence des doyens de facultés de chirurgie dentaire, Corinne Taddei-Gross assure que « ce genre d’installation de pointe va s’étendre dans l’ensemble des seize facultés de chirurgie dentaire, qui sont de plus en plus nombreuses à s’installer en simulation préclinique et deviennent de plus en plus performantes ».