L’ancien chef de l’exécutif de Hongkong de 2005 à 2012, Donald Tsang, 72 ans, est arrivé à la Haute Cour dans une fourgonnette de police. | ISAAC LAWRENCE / AFP

L’ancien chef de l’exécutif de Hongkong de 2005 à 2012, Donald Tsang, a été condamné mercredi 22 février à 20 mois de prison ferme pour « faute professionnelle dans la fonction publique ». Donald Tsang est arrivé à la Haute Cour dans une fourgonnette de police. Le petit homme de 72 ans arborait son habituel nœud papillon pour entendre sa sentence, mais il était menotté. « Jamais, de toute ma carrière, je n’ai vu un homme tomber d’aussi haut », a déclaré le juge Andrew Chan Hing-wai, qui a affirmé avoir réduit la peine initiale (30 mois).

Au terme de six semaines de procès, un jury de neuf personnes avait rendu, tard dans la nuit de vendredi 17 février, un verdict morcelé, jugeant M. Tsang coupable de faute mais se disant incapable de parvenir à une décision sur le chef d’accusation de corruption.

Depuis le verdict des jurés, le juge avait reçu des dizaines d’appels à la clémence et à la compassion, évoquant la droiture et le dévouement de M. Tsang, notamment de la part de son ancienne adjointe, Carrie Lam, et de son ancien ministre des finances, John Tsang, qui briguent tous deux à présent le poste de chef de l’exécutif.

Le procureur avait quant à lui avait accusé Donald Tsang d’être un « dirigeant cupide, à deux visages, ayant abusé de son pouvoir à des fins d’enrichissement personnel ».

Nouveau procès en septembre

Au cœur du procès, un gigantesque appartement dans lequel les époux Tsang avaient l’intention de prendre leur retraite, appartenant à un homme d’affaires, Bill Wong Cho-Chau, dont l’une des sociétés de radio numérique, Media Wave, avait obtenu du gouvernement une licence de diffusion. Donald Tsang n’avait pas indiqué ce conflit d’intérêts au Conseil exécutif, l’organe décisionnaire de Hongkong, ce qui lui a valu sa condamnation pour « faute professionnelle ».

Les Tsang avaient payé 800 000 yuans (110 000 euros) au propriétaire pour ce bien de trois étages, d’une surface de 620 mètres carrés, situé à Shenzhen, grande ville chinoise sur la frontière entre la Chine et Hongkong, où l’immobilier est très nettement moins cher que dans l’ancienne colonie britannique.

Le procès n’a pas permis d’établir s’il s’agissait là du montant d’une location annuelle, comme l’a plaidé la défense, ou d’une acquisition à très bon prix. En outre, les énormes travaux d’aménagement et de décoration sur mesure qui ont coûté 3,35 millions de dollars hongkongais, soit 410 000 euros, ont également été pris en charge par diverses sociétés appartenant au même homme d’affaires.

Le jury n’est pas parvenu à conclure s’il s’agissait là de « l’acceptation d’un avantage », autrement dit d’un pot-de-vin. Un nouveau procès est prévu en septembre.