Le château de Meudon au siècle de Louis XIV
Le château de Meudon au siècle de Louis XIV
Par Lucien Jedwab
Le château de Meudon, avec ses jardins et son domaine, n’existe plus tel que les firent agrandir et embellir Louvois, puis le Grand Dauphin. Une exposition à Meudon même en restitue les dimensions et les fastes
« La Grande Perspective de Meudon vue depuis le tapis vert », par Israël Silvestre (vers 1688). / MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE DE MEUDON
Le Musée d’art et d’histoire de Meudon accueille jusqu’au 21 décembre une exposition sur ce que fut l’imposant domaine de Louvois (1641-1691), le ministre de la guerre de Louis XIV, puis de « Monseigneur », fils de ce dernier et décédé avant que de régner. S’il n’en subsiste plus qu’une partie des jardins et l’orangerie – ainsi que des restes du Château-Neuf, l’actuel Observatoire –, les maquettes et les œuvres présentées (dont des prêts du Musée du château de Versailles) donnent une idée de leur magnificence. Et ce dès les travaux d’embellissement engagés par le prédécesseur de Louvois, le surintendant Abel Servien.
« Louvois et son épouse chassant à Meudon », cercle d’Adam Van der Meulen (vers 1685). / MUSÉE NATIONAL DES CHÂTEAUX DE VERSAILLES ET TRIANON
Faite pour combler les amateurs de châteaux et de jardins historiques, cette exposition est aussi l’occasion de découvrir la « maison de campagne », restaurée, d’Armande Béjart, la veuve de Molière. Le logis d’origine fut auparavant la demeure du célèbre chirurgien Ambroise Paré (1510-1590), avant les agrandissements du XVIIe siècle et différents changements de propriétaire. L’actuel musée abrite également des collections permanentes de peintures françaises de paysage et de sculptures de la période de l’après-guerre qui trouvent leur prolongement dans un jardin plein de charme.
La « maison de campagne » d’Armande Béjart, qui abrite le Musée d’art et d’histoire de Meudon. / L. JEDWAB/« LE MONDE »
La toponymie meudonnaise : Bellevue, Val-Fleury..., témoigne encore aujourd’hui de l’existence des reliefs que le « jardinier » André Le Nôtre saura mettre à profit pour façonner un domaine où la représentation du pouvoir le dispute à l’agrément. Comme il en sera à Versailles, bien sûr, où il exercera ses talents après l’incomparable (et enviée) réussite de Vaux-le-Vicomte. Les spectaculaires restitutions en 3D des différents états du domaine de Meudon (dues au responsable scientifique du musée, Franck Devedjian) montrent son ordonnancement autour de l’axe de la Grande Perspective, la « signature » de Le Nôtre.
Restitution en 3D du domaine de Meudon à son apogée, vers 1710 (par Hervé Grégoire et Franck Devedjian). / MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE DE MEUDON
Les jardins et le château – les châteaux, plus exactement – connurent bien des vicissitudes, à commencer par la destruction du Château-Vieux, qui surplombait l’actuelle orangerie, après un incendie (démolition qu’a représentée en 1804 le peintre Hubert Robert). Ou celle du Château-Neuf, qui eut à pâtir de la guerre de 1870, et dont ne furent préservés que quelques éléments de la façade, aujourd’hui surmontés par le dôme de l’Observatoire (ses abords ne sont malheureusement pas accessibles au public).
« Esquisse terminée de la démolition du château de Meudon », par Hubert Robert (1804). / MUSÉE DÉPARTEMENTAL DU DOMAINE DE SCEAUX
Les différentes parties du parc ont néanmoins fait l’objet de restitutions successives, principalement le parterre de l’orangerie (elle-même restaurée). Le visiteur peut sy promener ou admirer le bâtiment de l’Observatoire, surplombant des arbres centenaires probablement rapportés de ses expéditions exotiques par le prince Napoléon. De même, dans le prolongement de l’avenue du Château, la Grande Terrasse arborée est-elle accessible, avec sa vue époustouflante sur Meudon et sur la capitale. En attentant (qui sait ?) le dégagement et la réhabilitation de la Grande Perspective ?
Photographie de la partie centrale du Château-Neuf de Meudon (dans son état actuel). / MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE DE MEUDON
« Le Château de Meudon au siècle de Louis XIV. Servien, Louvois et le Grand Dauphin (1654-1711) », Musée d’art et d’histoire, 11, rue des Pierres, Meudon (Hauts-de-Seine), du mardi au dimanche, de 14 heures à 18 heures. Pein tarif : 4 €. Jusqu’au 21 décembre 2018. Catalogue (Ville de Meudon éd., 96 p.) : 15 €. A lire : « Manière de montrer Meudon » (Les Amis du paysage français/Franck Devedjian éd., 72 p., 15 €). Un site exhaustif : chateau-meudon.wifeo.com