On a aimé… « Forza Horizon 4 », pied au plancher et cheveux au vent
On a aimé… « Forza Horizon 4 », pied au plancher et cheveux au vent
Par Corentin Lamy
Loin de la rigueur des simulations automobiles les plus pointues, « Forza Horizon 4 » propose son lot de courses folles, couplées à de la flânerie bucolique dans la campagne anglaise.
Dans ce petit concentré de Royaume-Uni, Edimbourg est la seule ville d’importance. / Microsoft
Avec la régularité d’un coucou suisse, ou plutôt, la précision d’une voiture allemande, la série Forza, se décline, année après année, toujours selon le même schéma.
Chaque année impaire, les possesseurs de Xbox One (et, depuis 2015, les joueurs PC également) ont ainsi le plaisir de se voir offrir un tour de piste à bord du très sérieux Forza Motorsport, simulation pointue de course automobile.
Les années paires en revanche, c’est son cousin cool et branché, Forza Horizon, qui nous propose une récréation, presque des vacances, en privilégiant le hors-piste, l’ouverture, le coude à la fenêtre, les cheveux dans le vent, le pied sur l’accélérateur.
C’est donc un quatrième Forza Horizon qui sort ce 2 octobre 2018, et sera même accessible dès le 28 septembre pour ceux qui estimeront que jouer quatre jours plus tôt mérite bien de dépenser 30 € de plus pour l’édition « Ultimate ».
Etourdissant
Le quatrième épisode décline ce qui a fait le succès de l’opus australien de 2016, mais en nous amenant cette fois du côté de la Grande-Bretagne. Une sorte de condensé du nord de l’Angleterre (et du sud de l’Ecosse, puisqu’on visitera Edimbourg), certes loin d’être à taille réelle, mais tout de même suffisamment vaste et dense pour qu’en quinze heures de jeu, on n’en ait pas vu la moitié.
Sur les routes anglaises, on papillonne joyeusement de courses en courses, sur bitume, dans la boue, de jour comme de nuit. Les pneus crissent, les moteurs vrombissent, les carrosseries s’entrechoquent beaucoup et se froissent un peu – pas trop : il ne faudrait pas abîmer l’image de marque des constructeurs qui ont gentiment prêté leurs modèles.
La Grande-Bretagne, ses plages glacées et ses highlands enneigés. / Microsoft
Combien Forza Horizon 4 propose-t-il de courses ? Impossible à dire. Grâce à l’imagination des développeurs, chaque petit sentier, chaque tronçon d’autoroute, devient le prétexte de parcours à la variété toujours renouvelée.
On ne peut faire cent mètres sans se voir proposer une épreuve ou un défi de vitesse, sans voir tomber les points d’expérience. Remporter une course rapporte 10 000 points, faire un joli virage, 500. Même renverser un plot en donne 10. Bientôt, on croule sous les récompenses, les voitures (existe-t-il suffisamment de chiffres pour les dénombrer ?), les décorations flashy, les accessoires fluo.
C’est étourdissant, et impossible d’en décrocher. La course auto devient une course en avant. Tout est trop fluide, trop bien fichu, trop généreux. La conduite est idéalement souple, parfaitement agréable, adaptée à tous les niveaux. On accélère sans discontinuer et bientôt on ne roule plus : on vole, de récompense en récompense, comme enfermé dans un casino dans lequel on ne perdrait jamais.
Veste en tweed
Et puis, et puis… et puis stop. L’auteur de ces lignes est bien obligé de l’admettre : il n’avait, avant Forza Horizon 4, et si on passe sous silence une longue histoire d’amour avec Mario Kart, jamais touché à un jeu de course de sa vie.
Courir d’accord, mais pour quoi faire ? A quoi bon arriver premier, quand, sur la ligne d’arrivée, on se rend compte qu’on est revenu au point de départ ? Les amateurs de courses automobiles, ceux qui ont déjà acheté Forza Horizon 1, 2, 3, savent déjà qu’ils craqueront pour le 4. Tant mieux pour eux.
Mais nous autres, les laissés-pour-compte de l’esprit de compétition, arrêtons de jouer à Forza Horizon. Sans pour autant éteindre la console. Garons plutôt cette Lamborghini jaune si vulgaire devant notre superbe cottage sis au bord de ce lac à la beauté irréelle. Dans le jeu, ce retour à la maison est la seule façon de personnaliser son avatar ou sa voiture.
Dans « Forza Horizon 4 », le retour à la maison est la seule façon de personnaliser son avatar ou sa voiture. / Microsoft
Là, abandonnons nos atours grotesques, les vestes matelassées et les shorts dorés. C’est vêtu d’une veste en tweed et de bottes de propriétaire terrien qu’on reprend la route, à bord d’une vieille voiture dont on connaît à peine le nom, parce qu’on n’y connaît rien, peut-être une Aston Martin. Ou une Mini Cooper. En tout cas, une anglaise.
Il apparaît alors urgent de faire un tour dans les options du jeu, d’épurer l’interface, de faire disparaître la mini-carte, le gigantesque compteur de vitesse qui mange une bonne partie de l’écran. Insoumission suprême, presque coupable, on coupe enfin le GPS.
Balade dans la campagne anglaise
On se met alors en route, en vue « cockpit », en s’arrêtant au stop et en regardant bien autour de soi avant de repartir. On redécouvre le plaisir simple de ralentir en plissant les yeux pour lire les panneaux. On se fie à son tableau de bord pour s’assurer qu’on ne file pas à une allure folle. Rien à craindre de la police (il n’y en a pas), mais c’est qu’il ne faudrait pas abîmer son rétro. Evidemment, on coupe la musique aussi. Au diable les stations de radio drum’n bass, funk ou électro.
L’authentique expérience « Forza Horizon 4 » s’apprécie évidemment en vue « cockpit ». / Microsoft
Dans la quiétude retrouvée, on entend alors les grosses gouttes de pluie s’écraser sur le pare-brise, vite balayée par le va-et-vient rassurant des essuie-glaces. On roule, un peu au pif, on se balade, on se perd une bonne heure dans les campagnes anglaises. Soudain, l’orage éclate au loin.
La semaine prochaine ce sera l’hiver (tous les vendredis, les vrais vendredis du joueur, le jeu change de saison), et les montagnes au nord de la carte se couvriront d’un manteau blanc tandis que sur le lac, gelé, se dévoileront de nouvelles pistes. Mais pour l’heure c’est l’automne, et, à l’approche d’un sous-bois, on se gare derrière un gros tas de feuilles mortes.
Bien décidé à ne plus suivre les injonctions des développeurs, on s’invente alors ses propres objectifs. Ça tombe bien, plus tôt dans la partie, un personnage un peu enquiquinant a indiqué sur notre carte une grange abandonnée.
Apparemment s’y cacherait une voiture de collection, une vieillerie à retaper. Le moteur coupé, le silence de la campagne anglaise est à peine troublé par de lointains bêlements. Il pleut toujours un peu, mais le soleil perce à travers les nuages, se reflète sur les flaques d’eau, beau temps triste typique de ces pays-là.
La grange est à deux pas, planquée parmi les arbres. Où exactement ? On fait alors une entorse à notre ascèse en envoyant en reconnaissance un anachronique petit drone. Il s’élève vers le ciel gris, guettant la vieille bâtisse. Entre les dernières gouttes, les bêlements s’estompent doucement.
En bref
On a aimé :
- Se perdre pendant des heures en Grande-Bretagne
- Des centaines de voitures, de circuits, de bonus divers à débloquer
- La possibilité de les ignorer et de se contenter de conduire dans les champs, au calme
On n’a pas aimé :
- Les menus, fouillis et confus
- Des lourdeurs au moment de changer de voiture ou d’en personnaliser une.
- Récompenses aléatoires, points bonus si on achète la version « VIP » : un jeu vendu au prix fort perclus de mécaniques inspirées du « free to play »
C’est plutôt pour vous si…
- Vous êtes un pro du jeu de course à la recherche d’une expérience plus détente
- Vous êtes un joueur du dimanche qui a trop peur de s’attaquer à une simulation plus pointue
- Vous n’avez pas le permis : jouer à Forza Horizon est pour vous aussi exotique que de jouer au dernier Star Wars
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- La conduite, c’est à droite sinon rien
- Vous buvez votre thé sans lait
- Vous mangez votre fish sans chips
La note de Pixels :
Un petit 80 km/h sur les routes de campagne, 320 km/h sur circuit