Le pape affirme qu’il conserve le pouvoir de nommination des évêques chinois
Le pape affirme qu’il conserve le pouvoir de nommination des évêques chinois
Par Cécile Chambraud (Rome, envoyée spéciale)
Le souverain pontife a par ailleurs reconnu que les évêques issus du clergé souterrain risquaient de « souffrir » de l’accord entre le Saint-Siège et la Chine.
Le pape François s’est exprimé dans l’avion qui le ramenait de Tallinn à Rome, le 25 septembre. / MAX ROSSI / AFP
Pour les évêques en Chine, « c’est le pape qui nomme ». Le chef de l’Eglise catholique a voulu couper court aux éventuelles critiques contre l’accord provisoire conclu entre le Saint-Siège et Pékin sur la procédure de nomination des évêques en s’exprimant à ce sujet lors de la conférence de presse qu’il a tenue dans l’avion qui le ramenait d’une visite de quatre jours dans les pays baltes, mardi 25 septembre.
Annoncé samedi, cet accord vise à réunifier l’Eglise catholique chinoise, aujourd’hui divisée entre un clergé souterrain, fidèle à Rome mais en butte au pouvoir chinois, et une structure officielle, contrôlée par Pékin et dont certains évêques ont été ordonnés sans l’accord du pontife.
« Toujours de la souffrance dans un accord »
Le contenu de l’accord n’a pas été révélé par les deux parties. Mais certains commentateurs vaticanistes font grand cas des critiques du cardinal émérite de Hongkong, Joseph Zen Ze-kiun, qui craint que l’accord se fasse au détriment du clergé souterrain demeuré fidèle à Rome dans l’adversité. L’un des schémas évoqués autour de cet accord confierait à Pékin le choix des évêques et réserverait au pape un simple veto. Sans entrer dans les détails, François a évoqué, mardi, « un dialogue sur des éventuels candidats » avant que Rome tranche.
Le pontife n’a pas d’ailleurs pas exclu que le nouveau cours occasionne des difficultés pour certains évêques issus du clergé souterrain. « Je pense à la résistance, aux catholiques qui ont souffert. C’est vrai et ils souffriront. Il y a toujours de la souffrance dans un accord. Mais ils ont une grande foi. Ce sont des grands. » François a revendiqué la responsabilité personnelle de cette étape. « Cet accord, je l’ai signé moi », ou du moins la lettre d’accréditation qui a permis à un représentant du Vatican de le signer. « Je suis responsable », a insisté le chef de l’Eglise catholique.
« Temps de Dieu » et « temps chinois »
Le pape argentin a inscrit le compromis dans une négociation qui a couru sur des années. « Plus de dix ans », a-t-il dit, ce qui la fait remonter au pontificat de son prédécesseur, Benoît XVI. « C’est allé deux pas en avant, un pas en arrière, des mois ont passé sans se parler », le « temps de Dieu » ressemblant selon lui au « temps chinois, c’est la sagesse des Chinois ». Il dit avoir étudié les cas de chacun des évêques « en difficulté ».
Le temps de l’Eglise n’étant pas très différent du « temps de Dieu », François a évoqué un précédent qui relativise à ses yeux les prétentions de Pékin à intervenir dans celles du Vatican : « pendant 350 ans », en Amérique latine, « c’étaient les rois du Portugal et d’Espagne qui ont nommé les évêques », a-t-il rappelé.