Pour les professionnels de la viande, l’incendie d’un abattoir est « une offensive sectaire »
Pour les professionnels de la viande, l’incendie d’un abattoir est « une offensive sectaire »
L’incendie apparemment criminel d’un abattoir dans l’Ain arrive dans un contexte de tension entre la filière viande et certains militants radicaux de la cause animale.
« Six départs de feu » ont été constatés et des « bidons d’accélérant » retrouvés sur le lieu de l’incendie de l’abattoir de Haut-Valromey. / FABRICE COFFRINI / AFP
Un incendie a partiellement détruit dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 septembre un grand abattoir à Haut-Valromey, dans l’Ain. Selon la fille du fondateur de l’abattoir sinistré, les établissements Gesler, qui emploient 80 personnes, la gendarmerie privilégie une piste criminelle, « six départs de feu » ayant été constatés et des « bidons d’accélérant » retrouvés sur place.
Ce sinistre intervient dans un contexte de vive tension entre la filière viande et certains militants radicaux de la cause animale qui s’en prennent de plus en plus fréquemment à des boucheries, à coups de tags radicaux ou de dégradations. Les professionnels français de la viande ont appelé vendredi 28 septembre le président Emmanuel Macron à « enrayer immédiatement » ces « offensives sectaires qui ne peuvent qu’aboutir à une guerre civile », écrivent ainsi Dominique Langlois, président de l’interprofession des viandes bovines Interbev, et Guillaume Roué, président de l’interprofession des viandes porcines Inaporc, dans une lettre ouverte adressée à l’Elysée.
Mercredi, l’association antispéciste 269 Libération animale a appelé à une « nuit debout devant les abattoirs » partout sur le territoire. Elle avait vu notamment sa manifestation interdite dans les Yvelines par le préfet.
« Profond sentiment d’injustice et d’insécurité »
« Les libertés de conscience et d’expression invoquées par des collectifs et associations anti-viande et antispécistes ne sauraient être les cautions de ces violences » écrivent Interbev et Inaporc dans leur lettre, en estimant à « un million » le nombre de personnes travaillant dans le secteur de la viande en France.
De son côté, la Fédération nationale bovine (FNB), qui regroupe les seuls éleveurs bovins, a publié un communiqué séparé demandant « aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures pour faire en sorte que les opérateurs de la filière du bétail et des viandes puissent exercer leur métier dans un climat serein ». Les professionnels, « envahis par un profond sentiment d’injustice et d’insécurité, doivent-ils prendre les armes pour défendre leurs entreprises, leurs métiers et leurs personnes ? » s’inquiètent Interbev et Inaporc, qui regroupent l’essentiel des professionnels de la viande en France, des éleveurs aux bouchers en passant par les abattoirs et l’industrie agroalimentaire de transformation.
Une association antispéciste a appelé au « blocage » du Sommet de l’élevage qui se tient la semaine prochaine à côté de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Les antispécistes (du latin species, l’« espèce ») s’opposent à toute hiérarchie entre espèces, notamment entre l’être humain et les autres animaux.
Confrontés à des « violences physiques, verbales, morales » de la part de groupuscules végans, les bouchers-charcutiers avaient demandé fin juin la protection de la police au ministre de l’intérieur, Gérard Collomb. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’était aussi émue au début de juin de « comportements extrémistes » de militants antispécistes.
Que se passerait-il si tout le monde était végan ?
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