Le séisme et le tsunami qui ont frappé vendredi l’île de Célèbes ont fait au moins 844 morts et 59 000 déplacés, selon un bilan annoncé lundi 1er octobre par l’agence de gestion des catastrophes et le gouvernement indonésiens.

Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Unocha) estime que 191 000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Le président indonésien, Joko Widodo, a décidé d’accepter l’aide étrangère, que dix-huit pays et de nombreuses ONG ont jusqu’ici proposée. 

Les habitants manquent de tout : nourriture, eau potable, carburant ou médicaments. Les réseaux électriques et de télécommunications ont été très endommagés, et les sauveteurs manquent d’équipements pour rechercher les survivants dans les décombres.

Routes coupées

Les agences humanitaires et les ONG ont beaucoup de difficultés à faire parvenir de l’aide sur place, de nombreuses routes étant coupées et les aéroports endommagés. « Nous n’avons pas beaucoup de nourriture. Nous avons pu prendre seulement ce que nous avions dans la maison. Et nous avons besoin d’eau potable », témoigne Samsinar Zaid Moga, une femme de 46 ans. « Le plus important, ce sont des tentes, parce qu’il a plu et qu’il y a beaucoup d’enfants ici », ajoute sa sœur, Siti Damra.

Oxfam « prévoit d’apporter de l’aide à potentiellement 100 000 personnes », de la nourriture instantanée, des kits de purification d’eau et des abris, selon Ancilla Bere, une responsable de l’ONG en Indonésie.

Au moment du séisme, 114 étrangers se trouvaient dans la région, dont la plupart sont sains et saufs et en cours d’évacuation, selon l’agence de gestion des catastrophes. Trois Français dont on était sans nouvelles ont été retrouvés, a confirmé le ministère des affaires étrangères français. Mais les autorités sont encore sans nouvelles d’un Belge et pensent qu’un Sud-Coréen pourrait être parmi les victimes de l’hôtel Roa Roa.

Etat d’urgence de quatorze jours

Les autorités indonésiennes craignent que le bilan ne s’alourdisse encore, et ont déclaré un état d’urgence de quatorze jours. La plupart des victimes ont été recensées à Palu, agglomération de 350 000 habitants sur la côte ouest de Célèbes. La chaîne locale Metro TV a diffusé des images aériennes du village de Petobo, au sud de Palu, qui semble avoir été particulièrement touché. Quelque 700 personnes pourraient y avoir trouvé la mort, selon les autorités.

A Poboya, sur des collines qui surplombent la ville de Palu, des volontaires ont commencé à mettre en terre des corps dans une vaste fosse commune prévue pour en accueillir 1 300.

Trois camions chargés de dépouilles enveloppées dans des sacs sont arrivés sur le site. Un par un, ils ont été placés dans la fosse et une pelleteuse les a recouverts de terre. Les autorités avaient d’abord disposé les corps dans des morgues improvisées pour qu’ils puissent être identifiés mais, devant le risque sanitaire, elles se sont décidées à procéder à des enterrements de masse.

A Balaroa, un quartier périphérique de Palu qui abritait un complexe résidentiel, les dégâts sont énormes. La zone est transformée en une étendue parsemée d’arbres arrachés, de morceaux de béton, de tôles ondulées tordues, de cadres de porte arrachés et de morceaux de meubles.

Course contre la montre

Dans les décombres des principaux bâtiments, les équipes de recherche mènent une course contre la montre pour sortir des survivants. Des sauveteurs tentaient lundi d’en retrouver dans les décombres de l’hôtel Roa Roa, où cinquante à soixante personnes pourraient avoir été ensevelies. Pour l’instant, deux personnes ont été sauvées à cet endroit, selon une source officielle.

Des survivants désespérés pillaient des magasins pour se procurer des produits de première nécessité, nourriture, eau et essence, sous le regard de policiers impuissants ou ne souhaitant pas intervenir. « Le gouvernement, le président sont venus, mais ce dont nous avons réellement besoin, c’est l’eau et la nourriture », déclare Burhanuddin Aid Masse, 48 ans.

De nombreux survivants ont passé les derniers jours à chercher désespérément leurs proches disparus. Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a dit qu’il s’efforçait de réunir les familles séparées par la catastrophe et qu’il fournissait une aide médico-légale à ceux qui doivent identifier les victimes.

Plus de mille détenus évadés

A la faveur du séisme et du chaos qui s’en est ensuivi, quelque 1 200 détenus se sont évadés de trois prisons ont annoncé les autorités. Un centre de détention à Palu, construit pour héberger 120 personnes, a vu la plupart de ses 581 détenus franchir les murs effondrés. La prison de Donggala a été incendiée, et ses 343 détenus sont en fuite. Le feu semble avoir été allumé par les prisonniers inquiets pour leurs familles.

« Ils ont paniqué en apprenant que Donggala avait été durement frappée par le tremblement de terre », selon Sri Puguh Utami, une responsable du ministère de la justice. « Les responsables de la prison ont négocié avec les prisonniers pour leur permettre d’aller prendre des nouvelles de leur famille. Mais certains détenus n’ont visiblement pas été assez patients et ont mis le feu. »

L’Indonésie, un archipel de 17 000 îles et îlots formé par la convergence de trois grandes plaques tectoniques (indo-pacifique, australienne et eurasienne), se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone de forte activité sismique.

Le séisme qui a touché Célèbes est plus puissant que la série de tremblements de terre qu’a connue l’Indonésie en août et qui avait fait plus de cinq cents morts et environ quinze cents blessés sur l’île de Lombok, voisine de Bali.