Le braqueur Redoine Faïd mis en examen pour son évasion, retourne en prison
Le braqueur Redoine Faïd mis en examen pour son évasion, retourne en prison
Egalement interpellés mercredi, son frère Rachid et ses deux neveux ont, eux aussi, été mis en examen.
Le premier ministre et ministre de l’intérieur par intérim Edouard Philippe (au centre) lors d’une conférence de presse après l’arrestation de Redoine Faïd aux côtés d’Eric Morvan, directeur de la police nationale et Mireille Ballestrazzi, directrice de la police judiciaire, le 3 octobre. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le braqueur Redoine Faïd, interpellé mercredi 3 octobre avant l’aube dans l’Oise, trois mois après son évasion spectaculaire de la prison de Réau (Seine-et-Marne), a été mis en examen et de nouveau incarcéré, a annoncé dans la soirée une source judiciaire.
Redoine Faïd, son frère Rachid, ainsi que ses neveux Liazid F. Et Ishaac H., interpellés au même moment à Creil, ont été mis en examen pour « évasion en bande organisée », « détournement d’aéronef », « enlèvement et séquestration », « infraction à la législation sur les armes de catégories A et B en réunion », « recel, de transport d’armes ou engin explosif » et « association de malfaiteurs en vue de la commission d’autres crimes ».
Les frères Faïd, qui devront également répondre du chef de « refus d’obtempérer », ont été placés en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet. Le juge de liberté et de détention (JLD) n’a, à cette heure, pas encore statué sur la situation des deux autres mis en examen.
Burqas et perruques
Braqueur multirécidiviste et médiatisé, Redoine Faïd a été arrêté sans heurts mercredi à 4 h 20 dans un appartement en même temps que son frère Rachid, un neveu et l’occupante de ce logement, une jeune femme, dont la surveillance a permis de remonter jusqu’à eux, a expliqué à la presse le procureur de Paris, François Molins.
Celle-ci avait été géolocalisée grâce à une ligne téléphonique utilisée par les malfaiteurs. Les enquêteurs l’ont notamment vue prendre dans la nuit de samedi à dimanche dans sa voiture une personne en burqa « dont l’allure laissait supposer qu’il pouvait s’agir d’un homme ».
Dans la soirée de mardi, les enquêteurs ont de nouveau vu deux personnes vêtues de la sorte, vraisemblablement Redoine Faïd et son frère, entrer dans le domicile de la jeune femme.
Les deux burqas, des perruques, un revolver chargé à portée de main de Redoine Faïd et un pistolet automatique de type Uzi ont été retrouvés dans l’appartement.
Le deuxième neveu du braqueur a été arrêté, lui, à son domicile à Villers-Saint-Paul (Oise). La jeune femme et deux individus interpellés à leur domicile respectif à 6 heures, également dans l’Oise, ont été placés en garde à vue.
Vingt-cinq ans de prison
Selon François Molins, une cinquantaine de policiers ont participé à l’arrestation de Redoine Faïd, mais l’opération dans son ensemble a pu mobiliser jusqu’à 120 agents.
En 2010, sorti de prison, le braqueur, aujourd’hui âgé de 46 ans, se disait repenti et courait les plateaux de télévision pour faire la promotion d’un livre dans lequel il racontait sa vie, « des cités au grand banditisme ».
Mais il a de nouveau été interpellé en juin 2011, puis condamné en 2017 à 18 ans de prison pour l’attaque d’un fourgon blindé et à 10 ans pour s’être évadé de la prison de Lille-Séquedin (Nord) en 2013, avec explosifs et prise d’otages. Il avait alors été repris un mois et demi plus tard.
Redoine Faïd est considéré comme l’organisateur du braquage avorté d’un fourgon de transport de fonds, qui a entraîné la mort de la policière Aurélie Fouquet, mère de famille de 26 ans, le 20 mai 2010 à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).
En dépit de sa proximité avec les membres du commando, dont son frère Fisal, Redoine Faïd nie avoir été mêlé à ce projet d’attaque et au décès de la fonctionnaire de police, pour laquelle il a été condamné en appel à 25 ans de prison en avril.
Son évasion de la prison de Réau avait créé une crise dans l’administration pénitentiaire et un début de polémique politique avec mise en cause et appels à la démission de la ministre de la justice, Nicole Belloubet.