Le processus de retrait des produits Lactalis avait été chaotique. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Après plus de neuf mois d’une vaste enquête préliminaire, une information judiciaire a été ouverte mardi 9 octobre dans l’affaire de la contamination aux salmonelles de laits infantiles, qui a touché une dizaine de nourrissons et contraint le groupe Lactalis à suspendre la production d’une de ses usines.

Le pôle santé publique du parquet de Paris a pris la décision de confier la suite de l’enquête à un juge d’instruction après avoir terminé fin septembre l’analyse de plusieurs milliers de documents saisis mi-janvier lors de perquisitions sur quatre sites du géant français du lait, jugeant que les investigations devaient « se poursuivre dans un autre cadre juridique » plus adapté.

L’information judiciaire est ouverte contre X pour « tromperie sur les qualités substantielles des marchandises », « blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à trois mois » et « inexécution par un exploitant du secteur alimentaire de procédures de retrait ou de rappel d’un produit préjudiciable à la santé ».

Au total, 53 nourrissons identifiés ont été atteints de salmonellose en France fin 2017 après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l’usine de Craon, située en Mayenne.

Le processus de retrait a été chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant mené à la contamination ont été mis au jour. Après plusieurs semaines de crise, le groupe, réputé pour sa culture du secret, avait retiré mi-janvier la totalité de ses laits infantiles produits dans l’usine incriminée, dont la production a dû être suspendue pendant six mois.

Gastroentérites peu graves

L’entreprise dirigée par Emmanuel Besnier avait affirmé que la contamination s’expliquait par des « travaux réalisés courant premier semestre 2017 ». Mais le site avait déjà subi une contamination à la salmonelle en 2005.

Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires allant de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves. Elles sont potentiellement plus dangereuses pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou affaiblies. Toutefois, la bactérie identifiée à Craon, la salmonella agona, provoque des gastroentérites peu graves, selon une source judiciaire interrogée par l’AFP, qui peuvent être à l’origine d’une déshydratation mais n’entraînent pas de séquelles pour un individu en bonne santé, même un nourrisson.

Une première plainte avait été déposée à la mi-décembre par Quentin Guillemain, père d’une fille de 3 mois qui avait consommé un lot concerné par les rappels mais n’était pas tombée malade.

Au total, un peu plus de 300 plaintes ont été enregistrées au pôle santé publique, dont celles déposées par quatre associations, selon la source judiciaire. Parmi ces dernières, les associations de défense de consommateurs UFC-Que Choisir et Foodwatch.