Douleurs chroniques : l’Académie de médecine alerte sur la prise en charge des patients
Douleurs chroniques : l’Académie de médecine alerte sur la prise en charge des patients
Vingt millions de Français adultes souffrent de douleurs rebelles aux traitements et voient leur prise en charge menacée par le non-remplacement des départs à la retraite dans les centres antidouleur.
Près de 20 millions parmi les Français adultes souffrent de douleurs chroniques rebelles aux traitements. L’Académie de médecine met en garde, lundi 15 octobre, dans un rapport rendu public, sur leur prise en charge au sein des 273 centres de la douleur qu’elle estime menacés. Les malades consultent essentiellement pour des lombalgies et sciatiques (26 %), des douleurs neuropathiques (19 %), des douleurs cancéreuses (17 %), des céphalées et migraines (12 %), et des fibromyalgies (10 %).
Mises en place par des pionniers de la douleur en France à partir de 1998, les « structures spécialisées douleur chronique », ou SDC, sont pour 67 d’entre elles des centres dédiés et pour 206 des consultations contre la douleur. Cinq mille patients sont pris en charge par centre et par an, avec un délai moyen d’attente de trois mois et le nombre de demandes de consultation « croît continuellement ».
Mais plusieurs d’entre elles sont menacées « en raison du prochain départ à la retraite des médecins qui les ont fondées » et du « risque que ceux-ci ne soient pas remplacés, faute de candidats formés à la médecine de la douleur ou du fait de non-renouvellements de postes médicaux », souligne le rapport de l’Académie. La moitié des personnels de ces centres sont partis ou partiront à la retraite entre 2015 et 2025 (115 sur 229 selon une enquête auprès de 132 structures), avec le risque que la moitié de ces emplois ne soient pas remplacés. Pour la même période, 16 SDC (13 consultations et 3 centres dédiés) sont en danger de fermeture.
Meilleur traitement de la douleur chronique
Les SDC, qui marient plusieurs spécialistes (neurologues, rhumatologues, psychiatres, psychologues, infirmiers ...), sont essentielles pour appréhender les douleurs chroniques, définies comme « des douleurs évoluant depuis plus de six mois et affectant de façon péjorative le comportement et le bien-être du patient ».
Le vieillissement de la population, l’amélioration du taux de survie après un cancer plaident en faveur d’un meilleur traitement de la douleur chronique. D’autant qu’elle coûte cher, notamment en arrêts maladie et en consultations. On recense cinq fois plus d’arrêts maladie de longue durée chez des malades chroniques souffrant de douleur et ils consultent deux fois plus que les autres, soit un surcoût annuel évalué à 1,163 milliard d’euros.
L’Académie de médecine préconise de consolider le réseau de SDC existants, mais aussi de renforcer les formations des médecins à la douleur et de développer la recherche clinique et fondamentale.