Formule 1 : Lewis Hamilton en route pour rejoindre Fangio et Schumacher
Formule 1 : Lewis Hamilton en route pour rejoindre Fangio et Schumacher
Par Catherine Pacary
Le pilote britannique peut devenir, dimanche, le troisième quintuple champion du monde de l’histoire de la F1. Retour sur sa saison à travers cinq moments-clés.
La Mercedes de Lewis Hamilton dans les stands sur le circuit d’Austin, le 19 octobre. / CHARLES COATES / AFP
Le Britannique Lewis Hamilton est en passe de devenir, dès dimanche 21 octobre lors du Grand Prix des Etats-Unis, à Austin, le troisième pilote de l’histoire de la formule 1 à remporter cinq titres de champion du monde des pilotes. Il égalerait ainsi l’Argentin Juan-Manuel Fangio (1951, 1954, 1955, 1956, 1957) et l’Allemand Mickaël Schumacher, qui, lui, détient le record de sept sacres (1994, 1995 et de 2000 à 2004). Retour sur sa saison à travers cinq moments-clés.
- Prise de tête à Bakou
Ils sont deux quadruples champions du monde à s’aligner au départ de la saison 2018, qui s’ouvre à Melbourne le 25 mars : Lewis Hamilton, 33 ans, pilote Mercedes, et Sebastian Vettel, 30 ans, chez Ferrari. Les chances de l’emporter sont équilibrées : les Ferrari sont redevenues concurrentielles alors que le team Mercedes se dit inquiet et redoute l’usure après quatre années au sommet.
Vettel débute par deux victoires, en Australie et à Bahreïn et aborde le quatrième rendez-vous de la saison, le 29 avril à Bakou (Azerbaïdjan), en tête du classement des pilotes. Mais, sur ce tracé urbain et technique, propice aux frictions, Lewis Hamilton va renverser la vapeur.
Troisième derrière Valtteri Bottas, son coéquipier finlandais, et Sebastian Vettel, parti en pole, le Britannique va saisir sa chance au 48e tour. L’Allemand, lancé dans un dépassement optimiste du Finlandais, bloque ses roues et vire au large, permettant à Hamilton de passer. A trois tours de la fin, des débris auront la peau des pneus de Bottas. Lewis Hamilton l’emporte et prend la tête au classement général.
- Défaillance et fin de série en Autriche
Courir au domicile du patron, l’Autrichien Toto Wolff ne réussit pas aux flèches d’argent, surnom donné aux Mercedes. Les deux voitures sont pourtant parties côte à côte sur la première ligne du circuit de Spielberg le 1er juillet, avec Valtteri Bottas en pôle. Mais ce dernier doit abandonner au 14e tour (sur 71) à cause d’une panne hydraulique.
Lewis Hamilton, en difficulté avec ses pneus, abandonne à son tour quarante tours plus tard. C’est la fin d’une série de 33 courses terminées dans les points pour le leader de Mercedes.
Red Bull en son fief se réjouit, elle, de la victoire de Max Verstappen devant les deux Ferrari de Kimi Räikkönen et Sebastian Vettel.
- Défilé à Shanghai, sauna à Singapour
Mardi 4 septembre, le Bund, ancien port historique de Shanghai, accueille un défilé de mode inédit, organisé par le créateur américain Tommy Hilfiger pour présenter la collection initiée par Lewis Hamilton, TommyXLewis. Ambassadeur mondial de la marque, le pilote s’est beaucoup investi dans l’élaboration puis la promotion de sa « marque ».
Cette activité parallèle chronophage inquiète dans l’élite du sport automobile, Toto Wolff en tête, même si ce dernier défend son poulain. A la veille du Grand Prix de Singapour, le 16 septembre, le quotidien britannique The Sun a fait les comptes : en dix jours, Lewis Hamilton a parcouru 40 000 kilomètres et passé cinquante-trois heures dans les airs.
Aura-t-il la résistance physique nécessaire pour assurer sur la piste de Singapour, l’une des courses les plus difficiles du calendrier — nocturne, moite et très chaude ? Le Britannique gagne, engrangeant sa 69e victoire, après « être allé au bout de [lui-même] ». Une photo le montre épuisé, jaillissant de son baquet en sueur, veines saillantes.
- Consigne à Sotchi
Valtteri Bottas a remporté sa première victoire avec Mercedes, le 30 avril 2017, ici, sur le circuit de Sotchi (Russie), un autodrome qu’il affectionne. Fin septembre de cette année, il y signe sa deuxième pôle de la saison, devant Lewis Hamilton. Au terme d’une remontée de fond de peloton, Max Verstappen (Red Bull) mène devant les Mercedes de Valtteri Bottas et Lewis Hamilton. Quatrième, Sebastian Vettel menace. Toto Wolff somme alors le Finlandais de laisser passer son coéquipier, ce qu’il fait au tour 25. Verstappen passé au stand, ressort cinquième. Lewis Hamilton l’emporte une fois encore.
Le patron de l’écurie Mercedes assume la consigne de course, expliquant qu’il préfère passer pour un méchant à Sotchi plutôt que pour un idiot à Abou Dhabi (course de clôture) et qu’il faut « privilégier la course au titre ». « A cinq courses de la fin de la saison, (…) il y avait sept points en jeu. En compter 43 ou 50 d’avance sur Vettel, ce n’est pas la même histoire », justifie-t-il.
- Magnanimité à Suzuka
Lewis Hamilton remporte le Grand Prix du Japon, le 7 octobre à Suzuka. Sebastian Vettel finit sixième après avoir raté ses qualifications et s’être accroché en course avec le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull) à l’issue d’un dépassement hasardeux. Une maladresse qui lui vaudra un certain nombre de critiques, notamment dans la presse.
Le Britannique peut, dès lors, se montrer grand seigneur avec son rival. « Je trouve que les médias devraient montrer plus de respect envers Sebastian. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point faire ce que nous faisons à ce niveau est dur. (…) Nous sommes humains, il faut donc s’attendre à ce que nous fassions des erreurs, l’important est comment nous les traversons. »
Lui, finalement, « n’a pas fait de faute cette saison », comme le souligne Toto Wolff. « Lewis est très, très fort dans la tête. Il est sur une vague incroyable. » Celle-ci pourrait, dès dimanche, le porter au même niveau que Fangio et Schumacher dans l’histoire de la F1.
Deux chiffres à avoir en tête avant le Grand Prix d’Austin
C’est le nombre de points qu’il reste à distribuer d’ici à la fin du championnat du monde de Formule 1. Une victoire rapporte 25 points. Les suivants au classement à l’arrivée d’une course récoltent 18 points (le 2e), 15 points (le 3e), 12 points, 10 points, 8 points, 6 points, 4 points, 2 points et 1 point pour le pilote arrivé 10e.
C’est le nombre de points d’avance de Lewis Hamilton sur Sebastian Vettel au classement des pilotes. Il suffit que le Britannique de Mercedes l’emporte et que le pilote de Ferrari ne marque pas plus de 8 points, pour décrocher le titre. Sebastian Vettel pourrait rattraper le leader aux points s’il gagne les trois derniers Grand Prix, mais Lewis Hamilton remporterait de toute façon une 5e couronne au nombre de victoires – neuf contre cinq avant Austin.