Le général américain Jeffrey Smiley, le 5 juillet. L’armée américaine a confirmé lundi 22 octobre que le militaire avait été blessé lors de l’attaque contre le palais du gouverneur de Kandahar, quatre jours plus tôt. / HANDOUT / AFP

Il aura fallu presque cinq jours pour que le Pentagone reconnaisse qu’un général américain, Jeffrey Smiley, avait été blessé par balles lors de l’attaque perpétrée, jeudi 18 octobre, contre le palais du gouverneur de Kandahar, où étaient réunis des responsables afghans de haut rang et une délégation militaire comprenant le chef de l’armée américaine et de l’OTAN en Afghanistan, le général Scott Miller. Les participants avaient évoqué la sécurité dans le sud du pays en vue de l’élection parlementaire qui s’est tenue le 20 octobre.

Jusqu’à présent, la version officielle se bornait à indiquer qu’au terme de l’événement, l’assaillant, un taliban infiltré parmi les gardes du corps du gouverneur de Kandahar, avait tué le général Abdul Raziq, le chef de la police de Kandahar – l’homme fort du Sud afghan –, et Abdul Mohmin, le chef provincial du renseignement afghan (NDS). Le gouverneur, Zalmaï Wesa, annoncé mort par son propre adjoint, était finalement déclaré grièvement blessé. Un journaliste a également perdu la vie lors de la fusillade.

Le soir même de l’attaque, le colonel Knut Peters, porte-parole de la mission de l’OTAN en Afghanistan, ajoutait que « trois Américains, un civil, un militaire et un employé d’une société de sécurité privée », avaient été blessés, de même que six gardes du corps et deux membres du NDS. Il ne précisait à aucun moment quel était le grade de ce militaire américain, car les autorités souhaitaient garder le secret le plus longtemps possible.

Tout près de près de « la catastrophe »

Et il a fallu que le Washington Post révèle, dimanche, qu’il s’agissait d’un des adjoints de Scott Miller, le général Jeffrey Smiley, pour contraindre le Pentagone à confirmer l’information. Ce général, issu de la Garde nationale, a pris ses fonctions en juin de commandant des unités de l’OTAN consacrées à la formation et à l’assistance des troupes afghanes pour le sud du pays. Soigné dans un hôpital militaire près de l’aéroport de Kandahar, il aurait été, depuis, transféré en Allemagne.

Lors de l’enterrement d’Abdul Raziq, le chef de la police de Kandahar, le 19 octobre à Kandahar. / Stringer . / REUTERS

Cette discrétion illustre, selon une source militaire occidentale à Kaboul, le niveau d’inquiétude qui a saisi le commandement américain en Afghanistan, qui estime être passé près de « la catastrophe ». Car il apparaît qu’en dépit des premières déclarations du général Scott Miller, dès le lendemain de l’attaque, affirmant qu’il n’était « pas la cible » et que « seul le général Raziq était visé », c’est un pur hasard qu’il en est sorti indemne, puisque son propre adjoint a été grièvement blessé. S’il avait été touché, voire tué, l’impact sur les opinions et sur la stratégie de Washington et de la communauté internationale en Afghanistan aurait été majeur.

De plus, une semaine plus tôt, au Qatar, l’émissaire américain pour la paix en Afghanistan, Zalmai Khalilzad, nommé en septembre, venait de dialoguer avec des responsables talibans. L’embarras semble d’ailleurs avoir aussi touché les talibans, puisque dans un premier message, ils indiquaient eux aussi, jeudi, que seul « le général Raziq était visé » avant de le supprimer et d’en republier un second assurant que le commandant Miller était aussi ciblé. Un signe, peut-être, de divergences de vue au sein même du mouvement.