A Paris et à Sarcelles, deux morts en une nuit dans des bagarres entre adolescents
A Paris et à Sarcelles, deux morts en une nuit dans des bagarres entre adolescents
Le Monde.fr avec AFP
Les faits ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Les victimes sont un garçon de 16 ans dans la capitale et un autre de 17 ans dans le Val-d’Oise.
Il était minuit, boulevard Mortier à Paris, mardi 23 octobre, quand des policiers avertis dans la soirée d’une rixe ont découvert le corps ensanglanté d’un adolescent de 16 ans. Deux heures plus tard, d’après les informations du Parisien, il mourrait des suites de ses blessures à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le 12e arrondissement de la capitale. Plus tôt dans la soirée, un jeune homme de 17 ans avait été tué en pleine rue, près de la gare RER de Sarcelles (Val-d’Oise) après avoir, d’après des sources policières, reçu un coup sur la tête. Des bâtons ont été retrouvés à proximité du corps de la victime.
A Paris, selon le Parisien, les recherches menées boulevard Mortier ont permis aux policiers de retrouver des armes blanches, des aérosols de gaz lacrymogène et, parmi d’autres armes et objets contondants, deux étuis de cartouche de fusil de calibre 12. Des sources policières ont confirmé au Monde qu’une rixe avait bien eu lieu boulevard Mortier et que trois personnes avaient été interpellées.
Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, qui a également affiché son intérêt pour conquérir la mairie de Paris lors des municipales de 2020, a réagi sur Twitter :
Tout doit être fait pour elucider les circonstances de la mort révoltante d’un jeune de 16 ans lors d’une rixe à… https://t.co/1cHiOcV0At
— BGriveaux (@Benjamin Griveaux)
Ces deux décès interviennent après une série de violences impliquant des jeunes à Paris et en banlieue parisienne. Il y a dix jours, le 14 octobre, la mort d’un collégien de 13 ans, décédé après avoir été frappé aux Lilas (Seine-Saint-Denis), avait suscité émoi et inquiétude face à la multiplication des bagarres de bandes d’adolescents. Le ministre de l’intérieur fraîchement nommé, Christophe Castaner, s’était rendu sur les lieux deux jours plus tard. Il faut que « toute la transparence soit faite » sur « l’événement extrêmement grave » des Lilas, lié selon lui « à des rivalités de bandes ».
Phénomène « irrationnel »
Quatre suspects âgés de 15 à 16 ans ont été écroués dans le cadre de l’enquête sur la mort de ce collégien. Selon l’autopsie, le jeune garçon, qui avait des antécédents cardiaques, est décédé d’un « œdème pulmonaire massif » après deux malaises. Il aurait notamment reçu « un coup de pied » alors qu’il se trouvait au sol après une altercation avec un groupe armé de bâtons, de barres de fer et d’un pistolet de paintball, selon une source proche de l’enquête citée par l’Agence France-Presse.
D’après cette source, deux groupes d’adolescents venus de communes limitrophes (Le Pré-Saint-Gervais, Romainville, Les Lilas, Bagnolet) s’étaient donné rendez-vous via l’application Snapchat « pour en découdre ». Un mois plus tôt, un autre garçon, âgé de 16 ans, avait été tué de plusieurs balles dans une cité de Saint-Denis, à l’autre extrémité du département. Deux autres personnes avaient été blessées dans cette fusillade qui avait « choqué » cette ville populaire.
Le phénomène des rixes entre bandes de jeunes s’aggraverait à un rythme préoccupant dans l’Est parisien. Des états généraux sur le phénomène se sont tenus le 3 octobre à l’initiative de la maire de Paris, Anne Hidalgo, du procureur de la République, du préfet de police et du recteur de l’académie de Paris. Les origines de cette recrudescence suscitent encore l’incompréhension relative des pouvoirs publics. « Le phénomène est extrêmement complexe, avait souligné à cette occasion le procureur de la République, François Molins. Je ne l’explique pas. Pour moi, on est totalement dans l’irrationnel. (…) On parle de bandes, mais ce sont plus des logiques de territoires, en réalité. »
Selon Colombe Brossel, l’adjointe au maire chargée des questions de sécurité l’un des éléments nouveaux est le rôle des réseaux sociaux, notamment dans la préparation et l’organisation des rassemblements. « On peut avoir des rixes entre des groupes de cinq adolescents, comme on peut avoir des rixes entre des groupes de cinquante, soixante, voire quatre-vingts jeunes gens dans l’espace public », avait-elle indiqué le 3 octobre. Plus de 250 rixes de cette nature ont eu lieu dans la capitale depuis 2016.