Au Maroc, 14 supporteurs condamnés pour avoir dénoncé la mort d’une migrante
Au Maroc, 14 supporteurs condamnés pour avoir dénoncé la mort d’une migrante
Le Monde.fr avec AFP
Condamnés pour « outrage au drapeau national », ils avaient sorti des drapeaux espagnols pour protester contre la mort d’une étudiante, tuée par des tirs de la marine marocaine, alors qu’elle tentait de traverser la Méditerranée.
Le drapeau marocain, lors d’une manifestation, le 25 février 2014. / FADEL SENNA / AFP
La justice marocaine a condamné 14 supporteurs à des peines d’un à dix mois de prison pour avoir manifesté à la fin septembre lors d’un match de leur équipe à Tétouan, dans le nord du pays, a-t-on appris mercredi 24 octobre auprès de leur avocat.
Ces supporteurs avaient été arrêtés après avoir brandi des drapeaux espagnols et crié des slogans comme « Viva España », pour protester contre la mort de Hayat, une étudiante originaire de leur ville, tuée par des tirs de la marine marocaine sur un bateau qui tentait de gagner clandestinement l’Espagne.
Les 14 jeunes, âgés de 18 à 23 ans, ont été condamnés pour « outrage au drapeau national », « manifestation non autorisée » et « destruction de biens publics et privés », selon le jugement transmis à l’Agence France-Presse par Me Jabir Baba. Ce dernier a fait savoir qu’il entendait faire appel. Cinq mineurs, également poursuivis dans cette même affaire, seront entendus vendredi par un juge pour mineurs.
D’autres condamnations
A l’appel d’un groupe d’ultras du Moghreb de Tétouan, le club de football local, des dizaines de jeunes avaient également manifesté sur le chemin du stade, causant quelques dégradations mineures en ville.
La mort de Hayat, étudiante en droit issue d’un milieu très modeste à Tétouan, avait suscité une vive émotion et des réactions d’indignation dans le royaume. Un Marocain de 32 ans, interpellé au début d’octobre après ce match, a déjà été condamné à la mi-octobre à deux ans de prison ferme pour « outrage au drapeau national », « propagation de la haine » et « appel à l’insurrection civile », selon son avocat. Il avait notamment posté sur sa page Facebook un appel à manifester.
Par ailleurs, quatre autres supporteurs marocains, accusés d’avoir brandi le drapeau espagnol lors d’un match de football début octobre à Agadir (sud) ont finalement été disculpés lundi.
Ces dernières semaines, les stades du royaume sont de plus en plus utilisés comme des espaces de protestation. Une vidéo mise en ligne à la fin septembre sur Youtube montrait ainsi des milliers de supporteurs du Raja Casablanca chanter leur désenchantement et fustiger ceux qui ont « volé les richesses du pays ».