Accusé de dissimulation de cas de harcèlement sexuel, Google dit avoir licencié 48 salariés
Accusé de dissimulation de cas de harcèlement sexuel, Google dit avoir licencié 48 salariés
La direction assure qu’aucun de ces salariés n’a reçu d’indemnité de départ, alors que le « New York Times » affirme que l’entreprise a passé sous silence plusieurs cas concernant de hauts responsables.
Google dit avoir licencié 48 personnes en deux ans pour des cas de harcèlement sexuel. / Aly Song / REUTERS
Google a annoncé jeudi 25 octobre avoir licencié 48 personnes en deux ans pour harcèlement sexuel, dont 13 hauts responsables. Ce message, transmis aux salariés puis à la presse, est signé Sundar Pichai, PDG de Google, et Eileen Naughton, responsable des ressources humaines. Ils y précisent « qu’aucune de ces personnes n’a reçu d’indemnité de départ ».
Une affirmation contredite par la publication, juste avant l’annonce, d’une enquête du New York Times – « difficile à lire », selon M. Pichai et Mme Naughton – accusant l’entreprise d’avoir caché des cas de harcèlement sexuel. Un travail s’appuyant sur des documents internes et judiciaires, ainsi que sur les témoignages d’une trentaine d’anciens ou actuels employés de Google, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Le quotidien américain souligne notamment le cas d’Andy Rubin, créateur d’Android, le système d’exploitation pour smartphone le plus utilisé au monde. Quand celui-ci a quitté l’entreprise, en 2014, il a reçu « des adieux dignes d’un héros », écrit le New York Times, évoquant l’hommage que lui avait alors rendu Larry Page, le cofondateur de l’entreprise. « Ce que Google n’a pas rendu public, c’est qu’une employée avait accusé M. Rubin » d’avoir forcé une femme, avec qui il entretenait une relation extraconjugale, a lui faire une fellation dans une chambre d’hôtel. « Google a enquêté et conclu que son témoignage était crédible », poursuit le New York Times, en se fondant sur les témoignages de deux cadres de l’entreprise. « Google aurait pu licencier M. Rubin et ne rien lui donner. A la place, l’entreprise lui a donné 90 millions de dollars d’indemnité de départ, et lui a payé des mensualités d’environ 2 millions par mois pendant quatre ans », rapporte le journal.
« Campagne de diffamation »
Le New York Times évoque les cas de deux autres dirigeants « que Google a protégés » ces dix dernières années, après qu’ils ont fait l’objet du même type d’accusation. L’un aurait bénéficié du même type de traitement que M. Rubin, l’autre aurait, quant à lui, continué à occuper un poste important. « A chaque fois, Google est resté silencieux sur ces accusations », souligne le quotidien.
« Nous faisons en sorte que Google soit un lieu où vous pouvez travailler au mieux en toute sécurité », a écrit Google dans le message transmis jeudi à ses employés, « et où il y a de sérieuses conséquences pour quiconque aurait un comportement inapproprié ». « Nous voulons vous assurer que nous prenons en considération chaque plainte pour harcèlement sexuel ou conduite inappropriée, nous enquêtons et nous agissons », ont poursuivi les deux dirigeants, précisant avoir notamment mis en place « des canaux confidentiels » destinés à signaler les comportements problématiques.
Andy Rubin a, de son côté, réagi sur Twitter aux accusations publiées à son encontre dans le New York Times : « Cet article contient de nombreuses inexactitudes sur mon emploi à Google et de grandes exagérations sur ma compensation. Plus précisément, je n’ai jamais forcé une femme à avoir une relation sexuelle dans une chambre d’hôtel. » L’homme évoque « une campagne de diffamation » visant à le « dénigrer », alors qu’il se trouve « en plein divorce ».