Il aura suffi d’une fausse adresse électronique. En mars 2018, un groupe d’escrocs se faisant passer pour des dirigeants de Pathé a délesté le groupe français de cinéma de la somme considérable de 19,2 millions d’euros en persuadant sa filiale néerlandaise de transférer en plusieurs fois ce montant sur un compte extérieur. La raison présentée par les auteurs de cette escroquerie de haut vol pour justifier ces virements était une prétendue acquisition à Dubaï, suite à laquelle l’argent devait être remboursé. L’information a été rendue publique par un tribunal des Pays-Bas vendredi 9 novembre.

« Des signaux négligés »

Le réseau d’escrocs avait obtenu la confiance de la directrice de Pathé Pays-Bas, Dertje Meijer, et de son directeur financier, Edwin Slutter. C’est justement en rendant une décision dans le cadre d’une procédure ouverte par M. Slutter à l’encontre du groupe français que la justice néerlandaise a révélé le contenu de cette fraude. Ce dernier contestait en effet la régularité des conditions de son licenciement après la découverte de l’escroquerie dont il avait été la victime, le 28 mars, lorsqu’une partie du montant avait dû être empruntée à un fonds géré par le siège du groupe en France.

M. Slutter avait été remercié avec effet immédiat le 26 avril, quelques jours après Mme Meijer. Tous deux ont été accusés de « comportement reprochable » par les dirigeants et actionnaires du groupe pour avoir « négligé des signaux » qui auraient dû les alerter dans les échanges de courriels avec les fraudeurs, a indiqué le tribunal. Sollicité par l’Agence France-Presse, le groupe Pathé n’a pas encore communiqué sur l’affaire.