Thierry Henry et Radamel Falcao contre Bruges, en Ligue des champions, le 6 novembre 2018. / ERIC GAILLARD / REUTERS

Monaco n’y arrive plus. Deux ans après un titre de champion, les Monégasques occupent l’avant-dernière place du classement, alors qu’ils doivent affronter le dominant Paris-Saint-Germain (douze matches, douze victoires), dimanche soir (21 heures). Pas le programme idéal pour se remettre de leur lourde défaite contre Bruges (4-0) mardi, synonyme d’élimination en Ligue des champions.

La direction du club a bien tenté de provoquer un déclic psychologique avec un changement d’entraîneur. Exit Leonardo Jardim, le technicien portugais présent sur le Rocher depuis 2014, et reconnu comme un faiseur de miracles, a été remercié au début du mois d’octobre pour être remplacé par Thierry Henry. L’ancien international français, formé à l’ASM, n’a pas connu beaucoup plus de réussite. Sur ses cinq premiers matches, il en a perdu trois, et réalisé seulement deux matches nuls.

Alors, oui, Monaco va mal. Mais Monaco a surtout vu la chance tourner sur de très nombreux facteurs.

Un recrutement compliqué

Alors que les dirigeants monégasques avaient réussi de superbes coups de recrutement, en faisant éclore Kylian Mbappé ou Layvin Kurzawa (formés au club), en révélant Bernardo Silva, Fabinho, Thomas Lemar, Benjamin Mendy, ou encore Tiémoué Bakayoko, ils n’ont pas encore su rééditer cette performance cette saison. Youri Tielemans, arrivé la saison dernière n’a pas confirmé. Preuve de ces errements dans le casting estival, aucun Monégasque ne figure dans la liste des onze meilleures recrues de l’été selon L’Equipe, mais le quotidien sportif en place trois dans son onze des pires : Barreca, Chadli et Golovine (certes longtemps blessé).

Les blessures ont d’ailleurs fait du mal au club de la principauté qui a longtemps dû composer sans nombre de ses cadres. Le poste de gardien de but est ainsi éloquent. Le titulaire, le Croate Danijel Subasic, sur le terrain lors de la finale de la dernière Coupe du monde n’a disputé qu’un seul match cette saison. Son remplaçant, Diego Benaglio s’est lui aussi blessé en Ligue des champions et a obligé le troisième gardien Seydou Sy à garder le but monégasque, comettant une faute de main coupable contre Strasbourg.

Plus généralement, Jardim puis Henry ont dû s’adapter à la longue liste des joueurs à l’infirmerie, depuis le début de saison. « Si cela n’explique pas totalement le début de saison catastrophique, c’est tout de même un élément de réponse parlant », explique justement L’Equipe, en faisant un comparatif du onze des valides et du onze des blessés.

Une équipe qui sous-performe

Ces dernières années, les joueurs de la principauté bénéficiaient d’une réussite hors-norme. Selon les statistiques compilées par le site Understat sur les deux dernières saisons, Monaco était l’équipe qui dépassait le plus le nombre de buts attendus par rapport aux occasions procurées et prenait ainsi plus de points, lui permettant d’accrocher un titre de champion, puis une deuxième place.

Cette saison, cette réussite semble fuir les Monégasques. Le club encaisse plus de buts que prévu et en marque moins. Radamel Falcao est sans doute l’homme qui incarne le mieux cette situation. Le Colombien a inscrit quatre buts en dix apparitions cette saison en Ligue 1, mais selon le modèle d’Understat, il aurait dû en marquer au moins deux de plus. Parmi les meilleurs buteurs de Ligue 1, il est de loin le moins efficace. Lors des deux dernières saisons, il battait pourtant largement les scores prévus par le modèle.

Et tous ces buts absents des scores font une différence au classement. Understat calcule ainsi que les hommes de Thierry Henry auraient dû prendre dix points de plus depuis le début de la saison : une petite modification qui les placerait autour de la huitième place et bien loin des soucis qui les agitent aujourd’hui.

Des défaites cruelles

Cela s’explique notamment parce que l’ASM perd peu de matches sur des scores larges. Les Monégasques n’ont perdu par deux buts d’écart ou plus qu’à une seule reprise en championnat cette saison, contre Saint-Etienne (2-0). Surtout, ils ont souvent laissé filer des points dans les dernières minutes de matches. Contre Bordeaux, ils perdent un point sur un but encaissé dans les arrêts de jeu (1-2). Même chose la semaine suivante contre Marseille (2-3), alors qu’ils menaient encore 2-1 à un quart d’heure de la fin. Contre Toulouse, ils laissent échapper la victoire dans les dix dernières minutes (1-1). Contre Rennes, Hatem Ben Arfa marque son seul but de la saison à un peu plus de dix minutes du terme pour offrir la victoire aux Bretons (1-2).

Autant de facteurs qui expliquent, en partie, le catastrophique début de saison des Monégasques. Reste qu’ils ont encore 25 journées pour se rattraper. Et une victoire contre l’ogre parisien serait sans doute le meilleur moyen pour Thierry Henry et les siens d’enfin lancer leur saison. Il n’est jamais trop tard.