Présidentielle en RDC : l’opposition choisit Martin Fayulu comme candidat unique
Présidentielle en RDC : l’opposition choisit Martin Fayulu comme candidat unique
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Bouillant et téméraire, cet ancien cadre du secteur pétrolier, élu député en 2006, a vivement contesté le maintien du président Kabila au-delà de la fin de son mandat.
Martin Fayulu, candidat unique de l’opposition à l’élection présidentielle en RDC, à Genève, le 11 novembre 2018. / FABRICE COFFRINI / AFP
L’opposant Martin Fayulu a été désigné, dimanche 11 novembre, candidat unique de l’opposition pour l’élection présidentielle prévue le 23 décembre en République démocratique du Congo (RDC). Cet homme de 62 ans est un ancien cadre du secteur pétrolier, formé en France et aux Etats-Unis, qui s’est déjà mobilisé contre un troisième mandat du président Joseph Kabila.
Le président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) se définit comme une personne dotée d’une « expérience qui fait la différence ». Il arrive avec un projet de société qu’il qualifie de « social-libéral ». Un programme développé dans un ouvrage dont le titre est Investir dans le citoyen pour développer la RDC.
Martin Fayulu a fourbi ses armes de 1984 à 2003 comme chargé d’audit puis directeur général de Mobil Oil Corporation dans plusieurs pays africains. Il a quitté Mobil Oil « à l’amiable », contre paiement d’une « importante indemnité de sortie », avait-il déclaré à l’AFP huit jours avant sa désignation comme candidat commun de l’opposition.
Originaire de l’ex-province du Bandundu, dans l’ouest de la RDC, il est propriétaire à Kinshasa d’un hôtel situé entre la résidence du président Kabila et le siège de la présidence. Un bien qui a été scellé par les autorités en mai, officiellement pour cause de redressement fiscal, avant de rouvrir.
Une balle en caoutchouc dans la tête
Bouillant et téméraire, l’homme s’est fait connaître lors des travaux de la conférence nationale souveraine (1991-1992) qui a mis fin au régime du parti unique de l’ex-dictateur Mobutu Sese Seko. Au côté de l’ex-archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, il a été vice-président de la commission économie, industrie et PME de cette même conférence.
Son entrée en politique remonte aux élections de 2006, quand Martin Fayulu a été élu député national et provincial à Kinshasa. Il avait voté en 2007 pour l’actuel gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, au détriment du candidat du Mouvement de libération du Congo (MLC, de l’ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba), avant de s’opposer à « la gestion catastrophique » de la capitale congolaise.
Son opposition farouche au régime en place lui a valu plusieurs interpellations lors des manifestations de l’opposition à Kinshasa et dans les provinces, ainsi qu’une balle en caoutchouc dans la tête. Celui qui a récemment déclaré que son « rêve était de devenir gouverneur de Kinshasa » s’est toujours placé à la tête des manifestations contre le maintien du président Kabila au-delà de la fin de son mandat, en 2016, bravant les forces de sécurité.
Mi-février, refusant d’être « un député illégitime », il avait quitté l’Assemblée nationale pour « ne plus continuer à percevoir des émoluments après la fin du mandat », avait-il alors expliqué à l’AFP. Le mandat de l’Assemblée a officiellement pris fin en décembre 2016, tout comme celui du président Kabila.
Ressentiment des électeurs
Martin Fayulu affrontera le candidat adoubé par Joseph Kabila, l’ancien ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani Shadary. La présidence congolaise a annoncé en août que Kabila, au pouvoir depuis 2001 mais atteint par la limitation constitutionnelle du nombre de mandats, ne briguerait pas un nouveau mandat en décembre.
Si le scrutin a lieu comme prévu, il s’agira de la première transition pacifique du pouvoir depuis l’indépendance de l’ancien Zaïre en 1960. Dans un sondage diffusé en juillet, les électeurs congolais se disaient à 70 % favorables aux dirigeants de l’opposition, mais cette dernière, jusqu’ici divisée, n’a jamais encore su profiter du ressentiment d’une grande partie des électeurs à l’encontre du pouvoir en place, qui peut de son côté compter sur d’importants avantages financiers et institutionnels.