Prélèvement à la source : ce que l’on peut encore faire pour réduire sa contribution en 2019
Prélèvement à la source : ce que l’on peut encore faire pour réduire sa contribution en 2019
LE MONDE ARGENT
Il est possible de jouer sur les subtilités du nouveau dispositif pour payer moins d’impôts l’année prochaine.
Les avantages sous forme de déduction du revenu n’auront plus le même impact fiscal. / Nathan Alliard / Photononstop
C’est à l’approche de la fin de l’année que les contribuables en mal de défiscalisation s’interrogent sur ce qu’ils pourraient faire pour alléger leurs impôts. La perspective de l’année blanche complique un peu les choses, même si elle ne change pas fondamentalement la donne, notamment pour les avantages accordés sous forme de réduction ou de crédit d’impôt.
« Pour ceux qui n’ont que des revenus courants, les réductions d’impôt se transforment en crédits d’impôt qui seront remboursés en septembre 2019 à réception de l’avis d’imposition. Il conviendra toutefois de ne pas générer de réductions supérieures au montant de l’impôt, calculé selon le barème progressif, puisque le surplus ne sera pas reportable, ni restituable », précise Lucie Dugué, ingénieure patrimoniale chez Edmond de Rothschild.
En revanche, les avantages sous forme de déduction du revenu n’auront plus la même efficacité fiscale. Certes, vos charges ou dépenses « déductibles » viendront bien en déduction du revenu imposable. Mais dans la mesure où l’impôt sera annulé, cela ne vous apportera aucun avantage, à moins que vous ayez des revenus exceptionnels. Et encore : l’efficacité de cette déduction sera réduite compte tenu des modalités de calcul du crédit d’impôt de modernisation du recouvrement (CIMR).
Elle dépendra de la part de vos revenus exceptionnels dans vos revenus courants et sera d’autant plus élevée que cette part est importante. « Mieux vaut éviter d’ouvrir un Perp (plan d’épargne retraite populaire) cette année si vous n’avez pas de revenus exceptionnels. Il est préférable de passer votre tour et d’attendre l’année prochaine pour profiter à plein du dispositif », suggère Mylène Guers, responsable du marché de l’épargne financière chez Quintésens.
Le cas du Perp
Ceux qui ont déjà un Perp devront tenir compte du dispositif anti-optimisation mis en place par Bercy. S’ils l’avaient alimenté en 2017 et versent moins en 2018 et 2019, ils ne pourront déduire en 2019 que la moyenne de leurs versements de 2018 et 2019. Pour éviter de se retrouver dans cette situation, plusieurs stratégies sont envisageables. La première consiste à verser la même chose que l’année dernière pour neutraliser le dispositif prévu par le fisc de manière à pouvoir déduire la totalité des versements de 2019.
Cette solution n’est véritablement intéressante que si les sommes en jeu sont minimes. Ceux qui avaient fait des gros versements en 2017 auront plutôt intérêt à ne rien verser en 2018 et en 2019, et à ne reprendre leurs versements qu’en 2020, quitte à tripler la mise puisqu’ils pourront utiliser leur plafond de déduction de 2018 et de 2019 inutilisés (il est possible de cumuler jusqu’à trois plafonds). Autre piste : mutualiser les plafonds de déduction en reportant en 2019 la totalité de l’effort d’épargne sur le Perp de son conjoint ou partenaire de pacs si ce dernier ne l’avait pas alimenté en 2017. Cela permettra de déduire la totalité des versements en 2019.
Si vous percevez des revenus considérés comme exceptionnels en 2018, ils seront imposables. « Mais dans la majorité des cas, grâce au CIMR, ils seront soumis à un taux inférieur à celui auquel ils sont habituellement taxés. Cela ne se reproduira plus. Il faut profiter de cette aubaine », analyse Valérie Bentz, responsable des études patrimoniales à l’Union financière française. Autrement dit, les revenus exceptionnels seront imposés cette année au taux moyen d’imposition au lieu d’être soumis au taux marginal du foyer fiscal. Il peut être judicieux, lorsque c’est possible, d’anticiper leur encaissement de manière à profiter de cet avantage.
Par exemple, ceux qui ont des jours accumulés sur leur CET (compte épargne-temps) peuvent avoir intérêt à monétiser plus que les dix jours qui échappent à l’impôt cette année… car au-delà de ce seuil, ils seront considérés comme exceptionnels et donc imposables. « De même, ceux qui décideront de partir à la retraite ou de céder leur clientèle cette année plutôt que l’année prochaine pourront profiter de cette aubaine pour l’imposition de leur prime de départ à la retraite et/ou de leurs indemnités de clientèle et de cessation d’activité. Ils n’auront en outre aucun impôt à payer sur leur dernier revenu d’activité », conclut Sophie Borenstein, associée chez KGA Avocats.