Une vente test de timbres français
Une vente test de timbres français
LE MONDE ARGENT
La santé des timbres français comme valeurs de placement sera évaluée lors de la vente aux enchères organisée par Spink à Londres les 21 et 22 novembre.
Londres accueille les 21 et 22 novembre une vente aux enchères prestigieuse de timbres français essentiellement semi-modernes, à l’unité, en feuilles, en carnets, sur lettres, etc., émis entre 1900 et 1945, organisée par Spink : 1 252 lots, pour un total d’estimation entre 1,5 et 3 millions d’euros, avec des lots estimés entre 100 euros et 200 000 euros.
Premier jour d’utilisation du premier timbre de France, le 1er janvier 1849, estimé entre 5 000 et 10 000 euros. / DR / SPINK
Au-delà des semi-modernes, la collection couvre aussi la partie classique avec de bonnes pièces, comme un superbe premier jour d’utilisation du 1er Janvier 1849 du premier timbre de France, le 20 centimes noir au type Cérès (estimé entre 5 000 et 10 000 euros), un 1 franc vermillon sur lettre (10 000/20 000 euros), la première date connue de l’utilisation du 5 franc Empire sur lettre (5 000/10 000 euros) ou un 1 centimes noir sur bleu de Prusse au type Sage (10 000/20 000 euros).
Record absolu
Cette vente se déroule quinze ans après la vente en novembre 2003 de la collection « La Fayette » déjà par Spink – une vente de timbres classiques de France record –, avec plus de 5 millions d’euros d’adjudications pour 120 lots, et détenant toujours le record absolu pour un timbre de France, avec 924 000 euros décroché par le bloc de quatre, à l’état neuf, du 1 franc vermillon de 1849 avec tête-bêche.
1 franc vermillon sur lettre (10 000/20 000 euros). / DR / SPINK
Précision : la vente de novembre est baptisée « Hermione » par le vendeur (il souhaite garder l’anonymat), qui a mis soixante-dix ans à constituer cet ensemble unique, du nom du navire qui conduisit La Fayette aux Etats-Unis en 1780, en écho à la vente de 2003...
Spink est la propriété du Français Olivier Stocker, un ancien banquier de Singapour basé aujourd’hui à Hongkong, spécialisé dans la philatélie, la numismatique, les autographes, les livres ou les médailles. Il rappelle que « Spink organise près de quatre-vingt ventes chaque année, réparties entre Londres, New York, Hongkong, Singapour et la Suisse. Une moitie d’entre-elles sont des ventes de timbres », avant d’expliquer que « cette vente donnera beaucoup d’information sur la santé du marché français ».
Des pépites
Les six magnifiques catalogues verront la dispersion successive de pièces du XIXe siècle ; des timbres aux types Blanc, Mouchon et Merson ; Semeuse ; les premiers sites et monuments (Arc de Triomphe, Cathédrale de Reims, Mont-Saint-Michel, Port de La Rochelle, Pont du Gard) ; des timbres et lettres de poste aérienne ; pour se terminer par des « pépites » diverses parues entre 1914 et 1959.
Le vendeur a mis l’accent sur des « variétés », des timbres affectés de défauts d’impression qui ajoutent une plus-value à la valeur des timbres « normaux »...
Recto de la feuille de timbre au type « Blanc » avec impression recto-verso de la surcharge, des timbres ayant échappé à l’impression de la surcharge (estimation 100 000/200 000 euros) / DR / SPINK
Recto de la feuille de timbre au type « Blanc » avec impression recto-verso de la surcharge (estimation 100 000/200 000 euros). / DR / SPINK
Ainsi, les deux valeurs phares de la vente, estimée chacune entre 100 000 et 200 000 euros, sont une feuille du ½ centime au type Blanc, valeur surchargée sur le 1 centime noir, mais où la feuille s’étant pliée au moment de l’impression de la surcharge rouge, des timbres sont non surchargés, la surcharge apparaissant sur le verso des timbres correspondants !
Surcharges inversées attenant à des timbres sans surcharge, type « Blanc » (estimation 100 000/200 000 euros). / DR / SPINK
Un fragment d’une feuille du même timbre, avec des surcharges inversées attenant à des timbres sans surcharge, ne devrait pas faire moins.
Estimation 20 000 à 40 000 euros pour ce timbre de 1941. / DR / SPINK
Parmi les autres pièces de référence, l’attention se portera sur le 70 centimes vert Paquebot Pasteur, imprimé en 1939 qui, rappelle Gauthier Toulemonde dans le mensuel Timbres magazine de novembre « ne peut être mis en service cette année-là suite à la déclaration de guerre. Plus tard, le stock est surchargé et le timbre est mis en vente en mai 1941 avec pour faciale 1 F + 1 F, la surtaxe étant destinée au profit de la Société des oeuvres de mer. Quelques exemplaires échappent à la surcharge faisant de cette variété une pièce majeure de la collection de France », estimée 20 000 à 40 000 euros. Le timbre, au-delà de sa valeur vénale, témoigne de son temps.
Estimation de 25 000/50 000 euros pour cette paire neuve, timbre dentelé tenant à non dentelé. / DR / SPINK
Variété d’impression encore, l’estimation oscille entre 25 000 et 50 000 euros pour un timbre de 1929 représentant la cathédrale de Reims, le timbre dentelé tenant à non dentelé (types II et III).
Estimation 40 000 à 60 000 euros pour cette paire connue à un seul exemplaire avec ces caractéristiques d’impression et de perforation. / DR / SPINK
Quant à cette paire du Pont du Gard, valeur émise dans cette version en 1930, l’absence de perforation sur l’un des côtés des timbres lui vaut d’espérer partir entre 40 000 et 60 000 euros. On n’en connaît que cinq exemplaires et cette seule paire.
« Marianne à la nef », surcharge renversée, 800/1 500 euros. / DR / SPINK
On termine avec un « petit » prix, pour la Marianne à la Nef, surchargée au profit des victimes de la rupture du barrage de Malpasset en 1959, surcharge à l’envers, estimée 800 à 1 500 euros. Un bas de feuille de ce timbre (trente exemplaires), surcharge conforme, mais douze exemplaires surchargés tenant à dix-huit exemplaires sans surcharge (omise), avec coin daté et interpanneau, est à 1 600/3 000 euros.
Beaucoup de lots
Le négociant parisien et expert près la cour d’appel de Bourges Jean-François Baudot se montre circonspect: « Trop de lots en deux jours, estime-t-il, craignant que quelques marchands investisseurs ne profitent de l’occasion. Les collectionneurs risquent de ne pas pouvoir suivre. il aurait été préférable de proposer une vente par mois »...
« La France est un marché en phase de réveil », conclut pour sa part, optimiste, Olivier Stocker. Verdict le 22 novembre au soir.