Le mouvement des « gilets jaunes » a essaimé en Belgique où des manifestants ont entrepris, depuis vendredi 16 novembre, de bloquer plusieurs sites pétroliers de Wallonie. A Feluy, dans le Hainaut, le site de carburants de Total Petrochemical était dimanche inaccessible aux camions et devrait, en principe, le rester lundi. D’autres blocages ont eu lieu dans les régions de Namur et Liège. A Bruxelles, le dépôt de la société russe Lukoil, qui est le plus grand réservoir pétrolier du royaume, n’a été bloqué que quelques minutes, avant que la police intervienne.

Des « gilets jaunes » ont aussi mené, durant le week-end, des actions dans la ville frontalière de Tournai. Quelques incidents mineurs les ont opposés à des automobilistes mécontents, sous les yeux de la police.

Lancé sur les réseaux sociaux, à l’écart des syndicats et des partis politiques, l’appel aux blocages n’a pas, jusqu’ici, entraîné une mobilisation massive mais rencontre un certain écho dans la population, en Wallonie du moins. Le prix maximum du gasoil est actuellement de 1,55 euro dans le pays et a connu une augmentation de 15 % en un an, motivée officiellement par la volonté des autorités de réduire le nombre de véhicules diesel. Ceux-ci restent toutefois largement majoritaires dans le parc automobile.

Objectif : bloquer l’ensemble des raffineries

Présenté par ses animateurs comme une lutte pour l’amélioration du pouvoir d’achat, le mouvement étend ses critiques à la faiblesse du niveau des retraites, de la politique fiscale du gouvernement du libéral Charles Michel. Comme pour la mobilisation française, les manifestants belges contestent plus généralement une hausse généralisée du coût de la vie – en raison des prix de l’énergie notamment.

Les « gilets jaunes » belges affirment que leur but est de bloquer l’ensemble des raffineries du pays. Un projet au résultat très incertain. Les compagnies pétrolières affirment, en tout cas, qu’aucun risque de pénurie ne se profile en ce moment. Et les responsables politiques observent un silence prudent face à ce mouvement d’un type inédit qui met aussi en évidence l’absence de la réforme de la fiscalité automobile – couplée à des politiques sociales d’accompagnement–- qui était promise depuis longtemps.

Même s’ils s’affirment « apolitiques », certains protagonistes du mouvement ont, eux, rapidement envisagé de se structurer en vue des prochaines échéances électorales, dont les législatives de mai 2019. Un porte-parole a annoncé dimanche la constitution d’une formation politique afin de « porter la voix des citoyens » lors de ces élections. Le parti en gestation devait porter le nom de Mouvement citoyen belge.