Un blocage de « gilets jaunes » près d’un dépôt pétrolier à La Rochelle, le 19 novembre. / XAVIER LEOTY / AFP

Trois jours après le début de la mobilisation nationale, les « gilets jaunes » poursuivent, mardi 20 novembre au matin, leurs opérations de blocage, principalement sur les autorouteset les dépôts pétroliers.

L’accès à l’autoroute A7 reste très difficile dans le Vaucluse près d’Avignon et d’Orange. Une opération de filtrage est également en cours à Aix-en-Provence au niveau d’un péage de l’A8. En Gironde, l’A10 et la RN10 sont fermées au niveau de Saint-André-de-Cubzac.

Plusieurs dépôts pétroliers sont désormais ciblés, notamment à Port-la-Nouvelle (Aude), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Frontignan (Hérault), Portes-lès-Valence (Drôme) et Valenciennes (Nord). En Corse, le blocage du dépôt de Lucciana a entraîné une ruée des automobilistes dans les stations-service de la région bastiaise, qu’il approvisionne.

A Caen, les forces de l’ordre ont eu recours dans la matinée à des gaz lacrymogènes pour déloger des « gilets jaunes » à l’origine du principal barrage de l’agglomération. Quatre personnes ont été interpellées selon la préfecture. En Ille-et-Vilaine, la police est également intervenue pour débloquer l’accès au dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, au sud de Rennes, et libérer la circulation sur la route Rennes-Angers.

Castaner dénonce une « dérive totale »

Interviewé sur France 2, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé mardi la « dérive totale » du mouvement. « On voit qu’on a une radicalisation avec des revendications qui ne sont plus cohérentes, qui vont dans tous les sens », a-t-il déclaré alors que les manifestations ont fait un mort et 528 blessés, dont 17 touchés grièvement.

Christophe Castaner a notamment évoqué le cas de « trois policiers blessés à coups de boules de pétanque » et l’intervention des forces de l’ordre dans la nuit à Langueux (Côtes-d’Armor) pour déloger d’un centre commercial « des hommes qui avaient des barres de fer et des cocktails Molotov ».

« Le droit de manifester, (…) ce n’est pas celui de bloquer, de ne pas déclarer, de blesser les forces de l’ordre. Il y aura aujourd’hui des contrôles d’identité et des verbalisations ».

Il a demandé aux « gens qui sont très pacifiques, mais qui sont emportés par ceux qui sont plus radicaux, à rester dans un cadre légal ». Lundi soir, il avait déjà appelé au respect du principe de la libre circulation et avait demandé aux préfets et forces de l’ordre de « veiller à dégager systématiquement, mais méthodiquement, sans confrontation, les dépôts pétroliers et les sites sensibles ».

Le mouvement pourrait se poursuivre dans les prochains jours : des appels à bloquer Paris, samedi 24 novembre, commencent à fleurir sur les réseaux sociaux, appelant parfois à un « acte 2 » du mouvement, qui a commencé le 17 novembre et a rassemblé 290 000 personnes.

Emmanuel Macron a déclaré, lundi, à Bruxelles qu’il répondrait au mouvement « en temps voulu », arguant qu’il ne s’exprimait pas de l’étranger sur l’actualité française. La veille, le premier ministre, Edouard Philippe, a dit avoir entendu la « colère » et la « souffrance » des manifestants. Mais il a maintenu « le cap » de la politique économique du gouvernement, notamment sa volonté de taxer davantage la pollution.

Blocage du 17 novembre : 3 questions autour de la hausse des prix du carburant
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