La France de plus en plus attractive pour les entreprises étrangères
La France de plus en plus attractive pour les entreprises étrangères
LE MONDE ECONOMIE
Les réformes engagées par le gouvernement satisfont les patrons interrogés, mais l’avenir inquiète certains.
La courbe de popularité d’Emmanuel Macron a beau s’effondrer, elle n’a pas (encore) entraîné dans sa chute le pays tout entier. D’après une enquête Ipsos, publiée le 22 novembre pour Les Etats de la France, grand-messe annuelle des entreprises étrangères implantées dans l’Hexagone, 74 % des quelque deux cents responsables de société interrogés estiment que la « Gaule réfractaire » est attractive. Ils sont plus nombreux qu’en 2017 (60 %), alors que seuls 23 % en étaient convaincus il y a quatre ans.
C’est « l’une des très rares enquêtes qui feront plaisir au gouvernement et au président de la République », ironise Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. A rebours de ce qu’exprime une majorité de la population, 95 % des entreprises étrangères pensent en effet que les reformes engagées au cours de dix-huit derniers mois par l’exécutif vont « plutôt dans le bon sens ». Et 64 % souhaiteraient qu’il accélère le mouvement, notamment, en faisant davantage baisser le coût du travail… Des attentes qui « tranchent furieusement avec ce que (…) disent les Français », souligne M. Teinturier.
Le mouvement des gilets jaunes est mal perçu
Avec un tel enthousiasme, on pourrait s’attendre à ce que les investissements suivent. Ce n’est pas tout à fait ce qui ressort du sondage : 18 % seulement des cadres interrogés affirment que de nouveaux projets ont été lancés. En cause, arguent-ils : la concurrence. « La France est revenue dans la course, mais elle n’a pas gagné », selon Amélie Vidal-Simi, PDG de la branche française du groupe de cosmétiques et produits d’entretien allemand Henkel. La tendance pourrait même se retourner.
« Très photogénique », le mouvement des « gilets jaunes » a été mal perçu, dit-on, par certaines maisons mères. Et cela d’autant plus que le gouvernement peine à faire face à cette poussée de colère protéiforme. « On se pose des questions sur la capacité des dirigeants à aller au bout de l’agenda des réformes », déclare Guillaume Alvarez, vice-président de Steelcase Europe. Or, « il ne s’agit plus de faire mieux qu’avant, mais mieux que les autres ».
Pour autant, observe M. Teinturier, Emmanuel Macron n’a pas perdu la partie. « La France périphérique fragilisée n’est pas majoritaire, et le gouvernement dispose toujours d’une majorité au Parlement qui lui permet de poursuivre, même si l’opinion est contre. » Les courbes de popularité peuvent encore flancher, les investisseurs étrangers, eux, apprécieront.