Contrats de Rafale à l’Inde : l’ONG Sherpa veut une enquête du PNF sur des soupçons de « corruption »
Contrats de Rafale à l’Inde : l’ONG Sherpa veut une enquête du PNF sur des soupçons de « corruption »
L’ONG a dénoncé au Parquet national financier (PNF) les conditions dans lesquelles le groupe aéronautique français a vendu 36 avions de combats à l’Inde.
La vente a déclenché un scandale politique en Inde. L’ONG Sherpa a porté plainte fin octobre auprès du Parquet national financier (PNF) pour demander l’ouverture d’une enquête sur les soupçons de corruption et de trafic d’influence qui entourent la vente d’avions Rafale à l’Inde en 2016 par Dassault Aviation, a-t-elle annoncé vendredi 23 novembre dans un communiqué. « La France ne peut pas faire moins que l’Inde », affirme le fondateur de Sherpa, William Bourdon.
L’association a dénoncé le 26 octobre au PNF les conditions dans lesquelles le groupe aéronautique français a vendu 36 avions de combats à l’Inde « et en particulier celles qui ont entouré le choix de son partenaire indien, Reliance, un groupe présidé par un proche du premier ministre indien, Narendra Modi », affirme le communiqué.
« La société Reliance Defence Limited, dirigée par le chef d’entreprise Anil Ambani, n’a aucune expérience dans la fabrication d’avions de chasse et n’a été enregistrée que douze jours avant l’annonce de la finalisation du contrat, le 10 avril 2015, à Paris », selon l’opposition indienne, citée par Mediapart. Le site, à l’origine de révélations dans ce dossier, a dénoncé le financement par Reliance, au moment de la finalisation de la vente, d’un film coproduit par Julie Gayet, compagne du président de l’époque, François Hollande.
Plainte contre le premier ministre Modi en Inde
« Nous n’avions pas notre mot à dire à ce sujet. (…) Nous avons pris l’interlocuteur qui nous a été donné, avait déclaré l’ancien président de la République français (2012-2017) François Hollande à Mediapart. C’est le gouvernement indien qui a proposé ce groupe de services, et Dassault qui a négocié avec Ambani. » M. Hollande avait usé notamment de cet argument pour se défendre de tout possible conflit d’intérêts avec Reliance Group.
La plainte de Sherpa « fait suite à celle déposée le 4 octobre 2018 par un ancien ministre et un avocat anticorruption indiens auprès du bureau central d’investigations de New Delhi en Inde », poursuit le communiqué. La plainte en Inde accuse M. Modi d’« abus de pouvoir » et d’« octroi d’avantages indus ». Elle vise également, pour « complicité », Anil Ambani, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, ainsi que l’ancien ministre de la défense indien, Manohar Parrikar.
« Sherpa attend du PNF l’ouverture rapide d’une enquête sur la gravité des faits et les présomptions de la commission des infractions dénoncées : potentiels actes de corruption, octroi d’avantages indus, trafic d’influence, complicité de ces infractions, recel de corruption et blanchiment de ces infractions. (…) Une coopération entre les deux pays [le France et l’Inde] devrait rapidement s’instaurer, comme c’est toujours le cas s’agissant d’enquêtes relatives à la grande corruption internationale », poursuit William Bourdon, cité dans le communiqué.