Sélection galeries : Reiulf Ramstad Architects et Jean-Marc Cerino à Paris
Sélection galeries : Reiulf Ramstad Architects et Jean-Marc Cerino à Paris
Par Isabelle Regnier, Philippe Dagen
La Galerie d’Architecture expose les esquisses de l’architecte norvégien et la Galerie Vincent Sator l’infinie chronique du XXe siècle que l’artiste a entrepris de composer.
- Reiulf Ramstad Architects
Galerie d’Architecture de Paris
De grandes feuilles de bois fin enroulées sur elles-mêmes forment une forêt de cônes géants qui altèrent étrangement la perception de l’espace de la petite Galerie d’Architecture. A l’intérieur, Reiulf Ramstad a dessiné ses bâtiments au crayon. Des esquisses précises mais au trait tremblé, qui insufflent comme un esprit à chacune de ces grandes formes vides. Depuis qu’il a créé son agence, en 1995, le Norvégien Reiulf Ramstad cultive un penchant pour les paysages sauvages, les terres reculées, coupées de la civilisation. Ses constructions, dont la galerie présente des photographies et quelques vidéos sur grand écran, sont le fruit d’un dialogue inspiré avec les éléments et l’histoire des lieux. Des formes simples en apparence qu’il configure dans des proportions déroutantes, comme il l’a fait avec le Musée du Romsdal (Norvège), assemblage d’éléments en pin de tailles et de formes diverses, tout en angles aigus, qui évoque aussi bien une église gothique qu’une usine de l’ère de la révolution industrielle. Les matériaux bruts sont traités avec raffinement et souci de l’environnement, l’usager aiguillant chez l’architecte un imaginaire fertile. A Kilda, centre d’accueil des visiteurs de la petite île écossaise de Lewis campée au sommet d’une falaise battue par les vents, le béton est coulé en un bouquet de petits plots en forme de périscope qui s’ouvrent grand sur le large, chacun dans une direction différente. En marge de l’exposition, Reiulf Ramstad donnera une conférence, le 27 novembre à 19 heures, au Pavillon de l’Arsenal à Paris. Isabelle Regnier
« Remoteness », de Reiulf Ramstad Architects. Galerie d’Architecture de Paris, 11, rue des Blancs-Manteaux, Paris 4e. Tél. : 01-49-96-64-00. De 11 heures à 19 heures, du mardi au samedi. Jusqu’au 1er décembre.
- Jean-Marc Cerino
Galerie Vincent Sator
Vue de l’exposition « Le Vestige d’un vol », de Jean-Marc Cerino, à la Galerie Vincent Sator (Paris 3e). / © GRÉGORY COPITET / GALERIE VINCENT SATOR
S’il n’était artiste, Jean-Marc Cerino serait un historien de la photographie de premier ordre. Il sait trouver des images, anonymes le plus souvent, vestiges muets. Il les achète et les précipite dans un long processus de transformation. Le tirage en noir et blanc, probablement de qualité médiocre, s’agrandit aux dimensions de peintures sur verre, des deux côtés de la plaque, grisailles légèrement luisantes. Vues de loin, on croit voir de grandes photos. De près, les irrégularités se révèlent : peinture plus ou moins fluide, lignes plus ou moins nettes. De ce qui fut l’image d’une machine à équilibrer les biplans de guerre, il fait un symbole de l’industrie de la mort et un hommage à Marcel Duchamp. La très banale vue d’une maison dans la campagne devient un mausolée inquiétant. Un cliché de la crue de la Seine en 1910 ou celui d’une usine sous la neige dissimulent, sous leurs airs de quiétude, menaces et souffrances. Ce sont donc des peintures d’histoire : l’histoire de tout un chacun, condensée en quelques représentations. Cerino se saisit aussi de dessins et de lettres, qu’il reprend en noir sur des plaques de verre noir de moindre format. Selon l’angle, le regard se heurte à une surface réfléchissante ou retrouve les phrases d’une lettre de soldat ou un dessin de Paul Klee : d’autres éléments de l’infinie chronique du XXe siècle que Cerino a entrepris de composer. Philippe Dagen
« Le Vestige d’un vol », de Jean-Marc Cerino. Galerie Vincent Sator, 8, passage des Gravilliers, Paris 3e. Tél. : 01-42-78-04-84. Du mardi au samedi de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 22 décembre.