Effondrement d’immeubles à Marseille : une information judiciaire ouverte pour « homicides involontaires »
Effondrement d’immeubles à Marseille : une information judiciaire ouverte pour « homicides involontaires »
Le Monde.fr avec AFP
Le procureur de la République de Marseille a précisé qu’à ce jour les causes de l’effondrement des deux immeubles de la rue d’Aubagne n’étaient pas établies.
Immeubles de la rue d’Aubagne, à Marseille. / GÉRARD JULIEN / AFP
Le parquet de Marseille a ouvert, mardi 27 novembre, une information judiciaire contre X pour « homicides involontaires » aggravés « par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité », trois semaines après la mort de huit personnes dans l’effondrement de deux immeubles du centre-ville, le 5 novembre.
« A ce jour, les causes de l’effondrement de ces immeubles (…) ne sont pas établies », a précisé le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, dans un communiqué. L’enquête a été confiée à trois juges d’instruction du pôle accidents collectifs du tribunal de grande instance de Marseille.
L’instruction a été ouverte pour « homicides et blessures involontaires aggravés par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement » et pour « mise en danger de la vie d’autrui », précise le communiqué.
Plusieurs expertises
Lundi 5 novembre, deux immeubles vétustes du centre-ville de Marseille, aux 63 et 65, rue d’Aubagne, dans le quartier populaire de Noailles, se sont brutalement effondrés, provoquant la mort de huit personnes. L’un des immeubles appartenait à la mairie par l’intermédiaire de Marseille Habitat, et l’autre à une copropriété privée.
Marseille Habitat avait racheté un de ces bâtiments, au terme de dix ans de procédure, et l’avait vidé et muré. L’immeuble était peu à peu tombé en déliquescence, ce qui a pu entraîner l’effondrement de la copropriété privée voisine, estime le syndic de cette dernière. L’immeuble habité présentait toutefois, lui aussi, un certain nombre de fragilités, dont ont témoigné les habitants, décrivant des murs fissurés et des portes qui ne se fermaient plus, ainsi que les procédures dans lesquelles la copropriété était impliquée.
Les deux bâtiments détruits étaient connus de la mairie mais aussi de la justice, ayant fait l’objet de plusieurs expertises réalisées dans le cadre de procédures civiles.
Dizaines d’auditions
En trois semaines d’enquête de flagrance, une centaine d’enquêteurs de la police judiciaire marseillaise supervisés par 12 magistrats du parquet ont procédé à des dizaines d’auditions de locataires qui n’étaient pas présents au moment du drame, de propriétaires et du syndic de copropriété ou encore de responsables et membres des services de la mairie de Marseille et de Marseille Habitat.
Des documents et des ordinateurs ont été saisis à la mairie, au syndic ainsi que chez des experts qui avaient pu examiner les deux immeubles, et leur voisin, le 67, rue d’Aubagne, dans le cadre de procédures lancées précédemment.
1 300 délogés
Mis en cause par les habitants pour son inaction, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (Les Républicains), avait reconnu certaines « erreurs de gestion », tout en refusant de démissionner.
Depuis le drame la mairie a fait évacuer des centaines de logements potentiellement dangereux dans toute la ville. Au total, la cité phocéenne compte désormais plus de 180 immeubles fantômes, et plus de 1 300 personnes délogées, qui se retrouvent pour la plupart sans domicile fixe. Une centaine d’appartements devraient encore être évacués de l’une des plus grandes copropriétés dégradées de la ville, le parc Corot.