« Gilets jaunes » : appel à un blocage total à La Réunion pour l’arrivée d’Annick Girardin
« Gilets jaunes » : appel à un blocage total à La Réunion pour l’arrivée d’Annick Girardin
La ministre de l’outre-mer doit aller à la rencontre des « gilets jaunes » sur les barrages et annoncer des mesures concernant l’emploi et le coût de la vie.
Le 24 novembre 2018, manifestation citoyenne dans une bonne ambiance dans la ville du Port, dans l’île de la Réunion. / MORGAN FACHE / COLLECTIF ITEM POUR LE MONDE
La journée s’annonce tendue pour la ministre de l’outre-mer, Annick Girardin. Un appel au blocage total de l’île de la Réunion, où elle doit rencontrer des « gilets jaunes » mercredi 28 novembre, circule sur les réseaux sociaux depuis lundi soir.
Dans l’après-midi, mardi, quatre gros barrages en place depuis dix jours ont été démantelés par les gendarmes mobiles après des affrontements avec les manifestants. Ces derniers ont jeté des galets vers les forces de l’ordre, qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
« Est-ce que ça vaut encore le coup de parler à la ministre puisque la seule réponse du gouvernement est la répression ? », se sont interrogés plusieurs manifestants après l’intervention. Un collectif de « gilets jaunes » a condamné « avec fermeté l’attitude militaire de l’Etat face à un mouvement pacifique et structuré ».
Record de barrages
Un appel à remettre en place tous les barrages au petit matin, mercredi, a été lancé sur les réseaux sociaux. Leurs auteurs voulaient atteindre le chiffre de 300 barrages dans toute l’île et ont demandé à la population : « Restez chez vous ou venez aux barrages. »
Le Port-Est, seul port marchand de l’île, est toujours paralysé et les rayons des commerces, y compris ceux d’alimentation, se vident. Une quarantaine de barrages bloquaient des routes lundi, un record depuis le début de la mobilisation, le 17 novembre.
La ministre avait déclaré lundi qu’elle ferait des annonces concernant l’emploi et le coût de la vie. Son engagement semble apprécié par les « gilets jaunes », qui ne veulent plus du préfet pour interlocuteur. Mais alors que le président Macron s’est exprimé mardi sur le mouvement national et le plan du gouvernement pour la transition énergétique, les « gilets jaunes » de La Réunion se demandent quelle sera la marge de manœuvre de Mme Girardin. Leurs revendications sont très larges, de la suppression des cotisations sociales à une meilleure prise en compte « des besoins des Réunionnais » en passant par la fin de l’octroi de mer.
Mesures d’accompagnement
Lundi après-midi, répondant à la demande d’Annick Girardin, le préfet a annoncé, quatre jours avant la date habituelle, une baisse du prix des carburants. A La Réunion comme dans tous les territoires d’outre-mer, le prix maximal de vente des carburants est fixé tous les mois par le préfet. Indexé sur celui du baril, il est annoncé en fin de mois pour une application le premier jour de chaque mois.
Le préfet a également annoncé une série de « mesures d’accompagnement » pour les entreprises économiquement touchées par les onze jours de mobilisation des « gilets jaunes ». Il a proposé notamment un échéancier pour le paiement des cotisations sociales d’octobre, de novembre et décembre.
Notre sélection d’articles pour tout comprendre aux « gilets jaunes »
Les origines du mouvement :
- L’anatomie d’une journée de colère, notre récit avant les premières manifestations du 17 novembre
- « Il n’est pas surprenant que le mouvement ait pris dans les zones rurales ou les villes moyennes », l’analyse du sociologue Alexis Spire
- A la Réunion, une mobilisation violente qui a largement débordé la question du pouvoir d’achat.
Carburant, pouvoir d’achat : les raisons de la colère
- Le prix du carburant, un petit manuel à lire avant de débattre, par Les Décodeurs
- Que reste-t-il après avoir payé les factures ?, par Les Décodeurs
- Le revenu disponible des Français a baissé de 440 euros entre 2008 et 2016, notre analyse d’une étude de l’OFCE
La tentation de la récupération politique
- A droite, Laurent Wauquiez se rêve en héraut de la « France périphérique »
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Que va devenir le mouvement ?
- « Gilets jaunes » : « La mèche est allumée… On attend la relève », le récit de la première journée de mobilisation, samedi 17 novembre
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- « Gilets jaunes », M5S italien : quelles différences, quelles ressemblances ?, l’analyse comparative avec la politique italienne
Nos chroniques et tribunes
- « Le pouvoir se comporte comme un parent désorienté devant la révolte d’un adolescent », par notre éditorialiste Gérard Courtois
- « Cette France qui manifeste n’est pas dépourvue d’opportunités », par Frédéric Gilli, économiste et géographe
- « La transition écologique va nécessiter un courage politique considérable », par Christian Gollier, économiste
- « Une France, menacée de déclassement, qui se perçoit comme invisible », par Philippe Genestier, urbaniste
- « Le mouvement rappelle les jacqueries des périodes révolutionnaires », par Pierre Merle, sociologue
- « Les “gilets jaunes” sont aussi le produit d’une succession d’échecs du mouvement social », par un collectif de membres d’Attac et de la fondation Copernic