L’entraîneur du PSG, Thomas Tuchel, et ses joueurs fêtent leur victoire (2-1) contre Liverpool, mercredi 28 novembre, au Parc des princes. / FRANCK FIFE / AFP

Instant de grâce au Parc des princes. Soulagés, les défenseurs brésiliens Thiago Silva et Marquinhos s’enlacent fiévreusement dans leur surface de réparation. Après cinq minutes d’arrêt de jeu crispantes voire insoutenables, l’arbitre polonais Szymon Marciniak vient de mettre fin au suspense. Devant son public extatique, le Paris-Saint-Germain a battu (2-1) les Anglais de Liverpool, mercredi 28 novembre, lors de la cinquième journée de la phase de poules de Ligue des champions.

C’est un signal fort envoyé à l’Europe du football : le club de la capitale a démontré sa capacité de résilience tout en se relançant totalement dans la course qualificative pour les huitièmes de finale.

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Dos au mur, le PSG n’avait pas le droit à l’erreur lors de ce match couperet. Dans un Parc en fusion, il s’est offert, au passage, un premier succès de référence, cette saison, sur la scène continentale en renversant les finalistes malheureux de la dernière édition du tournoi. Grâce à cette victoire acquise au forceps, les joueurs de l’entraîneur allemand Thomas Tuchel se hissent à la deuxième place de leur groupe avec huit points, soit deux de plus que les « Reds », et un de moins que le leader napolitain, vainqueur (3-1) de l’Etoile rouge de Belgrade.

Avant leur déplacement en Serbie, le 11 décembre, les Parisiens sont en ballottage favorable pour valider leur ticket pour les huitièmes. Et le spectre d’une élimination précoce, synonyme « d’accident industriel » et de participation à la moins lucrative Ligue Europa, semble s’éloigner.

Charge émotionnelle

D’où les scènes de liesse aperçues sur le banc parisien, au coup de sifflet final. Dans une ambiance de kermesse, Thomas Tuchel a étreint le vénérable (40 ans) gardien Gianluigi Buffon, peu sollicité durant la rencontre. Emmenée par la star brésilienne Neymar, l’équipe de la capitale a longuement communié avec les membres du Collectif Ultras Paris (CUP), massés en tribunes. Lesquels ont donné de la voix et servi de chauffeurs de salle dans les moments où le PSG semblait mollir. Notamment après le penalty inscrit, peu avant la mi-temps, par l’Anglais James Milner.

La charge émotionnelle était telle que le capitaine Thiago Silva était au bord des larmes après la rencontre. Maître des airs, impeccable taulier de la défense parisienne face à l’infernal trio Salah-Firmino-Mané, le joueur de 34 ans a salué ce succès acquis « en équipe ». Les tacles rageurs de l’intéressé et sa faculté à haranguer le public du Parc ont illustré la détermination qui animait les protégés de Tuchel.

« Nous avons souffert, ne pas passer les poules pour nous aurait été horrible, a confié l’Italien Gianluigi Buffon. Nous sommes sur la bonne route pour faire une grande saison. » « Il n’y avait pas d’inquiétude, on est sûrs de notre groupe, sûrs de notre force. On savait qu’il fallait faire plus mais on a toujours su qu’on pouvait le faire », a déclaré le prodige Kylian Mbappé, à l’origine du deuxième but de son équipe, inscrit par Neymar.

Une victoire personnelle pour Tuchel

Dans l’auditorium du Parc, Thomas Tuchel n’a pas masqué son soulagement. N’avait-il pas reconnu, avant la réception de Liverpool, sentir « la pression » ? « C’était nécessaire de montrer que nous pouvons jouer et lutter avec eux », a-t-il confié, deux mois après la défaite rageante (3-2) concédée à Anfield Road.

Il s’agit d’une victoire personnelle pour le technicien parisien, heureux d’avoir terrassé son homologue de Liverpool et compatriote, Jürgen Klopp. Lequel l’a précédé sur le banc de Mayence et du Borussia Dortmund. « Si j’avais perdu, je serais aussi dans un mauvais état d’esprit », a glissé Tuchel à propos de son rival. En conférence de presse, Klopp s’était plaint de l’attitude des joueurs parisiens, enclins à « passer leur temps par terre ». Il avait par ailleurs souligné que l’Italien Marco Verratti méritait de recevoir « un carton rouge. »

Signe que l’heure était grave, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al -Thani, était présent au Parc des princes pour la réception de Liverpool. Le propriétaire du PSG, qui avait assisté à l’élimination de son équipe par le Real Madrid, en mars, en huitièmes de finale, s’est d’ailleurs rendu dans les vestiaires pour féliciter Neymar et consorts. A l’instar du staff de Tuchel, l’état-major du club a laissé éclater sa joie après la rencontre.

Un succès qui tombe à pic

Il faut dire que ce succès tombe à pic, en pleine tornade provoquée par les « Football Leaks ». Arrangements avec les dirigeants de l’Union des associations européennes de football (UEFA) dans le cadre du fair-play financier, existence d’un fichage ethnique au sein des deux cellules de recrutement de jeunes du club… Le flot de révélations a contraint le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, à se murer temporairement dans le silence. Avant le duel contre les Reds, le dirigeant qatari était de retour en première ligne, s’adressant à ses joueurs à quelques heures du coup d’envoi.

Cette victoire ramène donc un peu de sérénité dans la « maison » parisienne. Impitoyable leader de la Ligue 1, avec quinze points d’avance sur son dauphin lyonnais, le PSG doit désormais valider sa qualification pour les huitièmes de finale, un stade de l’épreuve qu’il a toujours atteint depuis son rachat par le fonds Qatar Sports Investments (QSI), en 2011. Il lui suffira de battre les Serbes de l’Etoile rouge de Belgrade, invaincus à domicile mais pulvérisés (6-1) en octobre, au Parc, sur fond de soupçons de match truqué. Dans le même temps, Liverpool et Naples s’affronteront à Anfield.

« Ne pas se qualifier pour les huitièmes serait un énorme échec, a insisté l’Espagnol Juan Bernat, auteur du premier but parisien contre Liverpool. Nous irons à Belgrade pour gagner. Nous ne pouvons pas nous permettre de calculer. Si on joue toujours comme ça, on pourra aller loin dans cette compétition. » En attendant de voir plus loin, les Parisiens ne devront pas manquer leur déplacement à Belgrade.