« Gilets jaunes » : les syndicats de policiers dénoncent des violences « insurrectionnelles »
« Gilets jaunes » : les syndicats de policiers dénoncent des violences « insurrectionnelles »
Par Louise Couvelaire
Après les violences de samedi à Paris, mais aussi en province, le syndicat Alliance a réclamé « le renfort de l’armée ». L’UNSA-Police s’inquiète, elle, du rôle de membres de l’extrême droite.
Des CRS se préparent durant les incidents liés à la manifestation des « gilets jaunes », à Paris, samedi 1er décembre. / Julien Muguet pour Le Monde
Ils ne parlent pas de « débordements » ni de « manifestations qui ont dégénéré », mais dénoncent des affrontements de nature « insurrectionnelle » et décrivent des scènes de « guérilla urbaine » et de « chaos ». Pour les représentants des forces de l’ordre, les événements qui se sont déroulés à Paris samedi 1er décembre en marge de la manifestation des « gilets jaunes » sont le signe d’un « désordre » inédit et d’une « hyperviolence insupportable ».
Ce soir, dans un communiqué, le syndicat Alliance-Police nationale (majoritaire, proche de la droite) a réclamé « le renfort de l’armée pour garder les lieux institutionnels et dégager ainsi les forces mobiles d’intervention » et « l’instauration de l’état d’urgence ». Interrogé sur BFM-TV, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a dit étudier cette option « sans tabou ». « Tout avait été prévu pour sécuriser certains bâtiments comme l’Elysée, symbole de l’Etat, explique Jean-Claude Delage, le secrétaire général d’Alliance. Mais ailleurs, les effectifs étaient restreints. »
« On a passé notre temps à courir après les casseurs », abonde Philippe Capon, secrétaire général de l’UNSA-Police (syndicat très présent chez les CRS). La faute, selon le syndicaliste, à la sécurité mise en place sur les Champs-Elysées, verrouillés par plus plusieurs milliers de policiers et gendarmes : le dispositif prévoyait de filtrer et contrôler les identités des manifestants avant de les autoriser à pénétrer sur la célèbre avenue. « Résultat, il n’y avait quasiment pas un chat sur les Champs, les casseurs [dont le nombre a été estimé à 3 000 par le ministère de l’intérieur] ont concentré leurs attaques sur la place de l’Etoile et se sont éparpillés sur les artères alentours et ailleurs dans Paris », déplore-t-il.
Mobilier urbain saccagé, commerces pillés, voitures brûlées, montée de barricades, jets de pierres et de pavés, lancés de cocktails Molotov, Arc de Triomphe tagué… D’autres villes ont été le théâtre de violences, telles que Bordeaux, Lille, Calais, Dijon, Saint-Etienne, le Puy-en-Velay.
« Bouffer du flic »
« Ces casseurs, voyous et personnes radicalisées de tous poils ne sont pas dans la revendication sociale, eux, tout ce qu’ils veulent, c’est déstabiliser la République, ce qu’ils veulent c’est “bouffer du flic”, commente Jean-Claude Delage. Si on cède, tout cède, mais on ne nous donne pas les moyens ni les outils de faire face à ce mouvement, difficile à maîtriser car totalement désordonné et déstructuré. »
« Les “gilets jaunes” qui viennent manifester à Paris ou dans d’autres grandes villes sont surtout des provinciaux : ils ignorent tout de la dureté des casseurs des grandes agglomérations, et particulièrement ceux de la capitale », ajoute Philippe Capon. Et de souligner un autre phénomène, « nouveau » à ses yeux : la violence de l’extrême droite à l’égard des forces de l’ordre : « Jusqu’à présent, leurs membres s’en prenaient rarement à la police mais plutôt aux bâtiments, aujourd’hui, il n’y a aucune bagarre entre les différents mouvements politiques, ils ne se sont pas affrontés entre eux, ils s’en sont pris aux forces de l’ordre ensemble. »
La journée de mobilisation des « gilets jaunes » en images