Au Mozambique, l’armée et la police accusées de « graves violations » des droits humains
Au Mozambique, l’armée et la police accusées de « graves violations » des droits humains
Le Monde.fr avec AFP
Selon Human Rights Watch, les forces de sécurité ont pratiqué des dizaines d’exécutions sommaires en réprimant l’insurrection islamiste dans le nord du pays.
Des militaires patrouillent à Gorongosa, au Mozambique, en novembre 2013. / Grant Neuenburg / REUTERS
Les forces de sécurité du Mozambique se rendent coupables de « graves violations » des droits humains en réprimant l’insurrection islamiste dans le nord du pays, a accusé, mardi 4 décembre, Human Rights Watch (HRW). Sur la foi de témoignages recueillis depuis août, l’ONG affirme que l’armée et la police ont pratiqué des dizaines d’exécutions sommaires et recourent aux détentions arbitraires et aux mauvais traitements contre les suspects d’appartenance au groupe extrémiste qui sème la terreur dans la région.
Depuis plus d’un an, ces islamistes, qui prêchent l’application pure et dure du Coran, multiplient les attaques contre les villages et les forces de sécurité dans la province à majorité musulmane de Cabo Delgado, riche en ressources gazières. Le président Filipe Nyusi a promis l’éradication de ce groupe et envoyé de nombreux renforts dans la région.
Les autorités se refusent à publier le moindre bilan de ces raids mais, selon la population et la presse locale, ils ont fait plus d’une centaine de morts parmi les civils, détruit des dizaines de villages et provoqué l’exode de milliers de personnes. Douze personnes ont encore été tuées il y a huit jours lors d’une attaque attribuée aux islamistes qui a visé un village proche de la frontière avec la Tanzanie.
« Des coups de feu suivis de cris »
« Les autorités mozambicaines doivent immédiatement mettre un terme aux abus de leurs forces de sécurité et en déférer les auteurs devant la justice, a exigé le représentant de HRW pour l’Afrique australe, Dewa Mavhinga. Les violences des insurgés ne peuvent justifier aucune violation des droits humains. »
Entre autres témoignages, l’ONG cite un cultivateur de 23 ans arrêté en août dans le district de Palma avec des dizaines d’autres « suspects » lors d’une opération de l’armée. « Les soldats les ont emmenés un par un dans la forêt et nous avons alors entendu des coups de feu suivis de cris, a-t-il raconté. Certains d’entre eux ne sont jamais revenus. » HRW affirme que deux soldats ont confirmé avoir tué des suspects mais ont refusé de livrer des détails.
Interrogé mardi par l’AFP, le porte-parole national de la police mozambicaine, Inacio Dina, s’est refusé à commenter en détail les allégations de l’ONG. « Je n’ai pas lu le rapport mais je peux vous assurer que nous respectons la loi », a-t-il ajouté.
Un premier procès a été ouvert début octobre contre 189 islamistes présumés dans une prison de Pemba. Soixante-dix d’entre eux, qui avaient été mis en liberté sous contrôle judiciaire, ont depuis cessé de comparaître et sont considérés comme des fugitifs, a indiqué à l’AFP un porte-parole du tribunal, Zacarias Napatima.