« Thomas Pesquet chez les Kogui », de Frédéric Lopez et Franck Desplanques. Sur France.tv jusqu’au 11 décembre. / JEAN MICHEL TURPIN / FRANCETV / FCEBOOK

LES CHOIX DE LA MATINALE

Ce week-end de replays est placé sous le signe de l’évasion : celle des banquiers qui ont mis l’économie mondiale à terre en 2008, celle de Thomas Pesquet auprès des Indiens kogui, celle enfin de Francis Collomp, otage pendant un an d’un groupe djihadiste au Nigeria.

« Ils ont plongé le monde dans la crise » : de belles crapules

[BA] Ils ont plongé le monde dans la crise - 4/12/2018
Durée : 00:37

Une belle bande de crapules. Mais des crapules qui portent des costumes sur mesure et détiennent des dizaines de millions de dollars sur leurs comptes bancaires. Bien construit, riche en témoignages inédits (anciens salariés de banques d’affaires, lanceurs d’alertes, régulateurs bancaires), ce passionnant documentaire revient avec précision sur la grande crise financière de 2008 et ses désastreuses conséquences à l’échelle mondiale.

Dix ans après, le constat est accablant : les principaux coupables, les gros poissons du type Richard Fuld, ex-patron détestable d’arrogance et de brutalité de la banque d’affaires Lehman Brothers, qui n’a pas été mis en prison alors que certains sous-fifres y ont été jetés. Si 324 hommes et femmes du monde financier ont été condamnés après la crise de 2008, aucun dirigeant du secteur privé financier américain ne figure parmi eux.

Un constat rendu possible aux Etats-Unis par la façon dont Wall Street et les responsables politiques ont travaillé ensemble. Et par le fait que la justice du pays préfère les transactions aux procès. Les grosses banques d’affaires telles Merrill Lynch, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan ou Bear Stearns ont donc payé de grosses pénalités. Mais contrairement à l’Islande où vingt-six banquiers ont été mis en prison après la crise, leurs patrons ont échappé à toute sanction. Le documentaire se révèle une salutaire piqûre de rappel. Alain Constant

« Ils ont plongé le monde dans la crise », de Benoît Bringer (France, 2018, 65 minutes). Disponible sur France.tv jusqu’au 11 décembre et sur YouTube.

« Rendez-vous en terre inconnue  » : un spationaute chez les Indiens

Thomas Pesquet analyse le décollage de l’avion dans Rendez-vous en terre inconnue
Durée : 00:33

Détendu, confiant, drôle, le spationaute français Thomas Pesquet monte dans un avion, les yeux bandés, ne sachant pas où il va passer les deux prochaines semaines. Frédéric Lopez, le présentateur de « Rendez-vous en terre inconnue », finit par lui révéler qu’ils partent à la rencontre des Indiens kogui, qui vivent dans la majestueuse Sierra Nevada de Santa Marta, haut massif côtier dans le nord de la Colombie.

Les premières saynètes sont un peu lourdes et mièvres, mais il faut se laisser prendre au jeu. Car la magie va vite opérer, les splendides vues aériennes aidant. Les premiers échanges avec leurs trois guides, Felix, Santos et Antonio, sont hésitants, mais Thomas Pesquet et Frédéric Lopez vont gagner leur confiance, se montrant soucieux de comprendre leurs coutumes et volontaires pour participer aux travaux du village.

Les assemblées sous la grande hutte sont magnifiques : les hommes vêtus de blanc devisent, tout en frottant leur poporo, calebasse évidée contenant une poudre de coquillages écrasés, qu’ils mélangent à une boule de coca coincée dans leur bouche. Ils exposent leur vision du monde, fondée sur des croyances ancestrales et une conscience aiguë des enjeux écologiques mondiaux. Pesquet, lui, leur raconte ce qu’il a vu de la Terre depuis l’espace.

Au fil des jours se noue une amitié basée sur le pacte commun de protéger la Terre. L’ultime marche qui les conduit sur une plage, où une centrale à charbon a été construite sur un des lieux sacrés du peuple kogui, les amène à ouvrir un peu plus les yeux sur leurs responsabilités en tant qu’amis et en tant qu’humains. Une belle histoire. A. Fl.

« Thomas Pesquet chez les Kogui », de Frédéric Lopez et Franck Desplanques, réalisé par Pierre Stine (France, 2018, 185 minutes).Disponible sur France.tv jusqu’au 11 décembre et sur YouTube.

« Otage, 322 jours pour m’évader » : trouver la clé des champs

Francis Collomp, 63 ans, est parvenu à s’évader seul, sans aucune aide extérieure, après 332 jours de captivité aux mains d’un groupe terroriste au Nigeria. / Doc en Stock / Doc en Stock

Le 19 décembre 2012, Francis Collomp, un ingénieur qui travaille pour une entreprise qui installe des éoliennes, va célébrer ses 63 ans dans sa villa de Rimi, un village situé dans le nord du Nigeria, non loin de la frontière du Niger. Mais, ce soir-là, le Français est enlevé par des djihadistes du groupe Ansaru qui vont le séquestrer pendant près d’un an.

Vont-ils l’exécuter ? Et lui, peut-il survivre alors qu’il doit suivre un traitement après avoir subi un pontage en 2001 ? Il fait des calculs : pas de médicaments, des conditions de détention déplorables, la faim… « Très vite, je me dis que j’ai peut-être 25 % de chances de m’en sortir, de rester en vie », souffle-t-il. Il se promet deux choses : ne pas mourir dans cette « cellule » et s’évader. Pour s’échapper, il lui faut un plan et préserver sa santé. Alors, il se met en tête de marcher entre 6 et 10 km par jour et pour cela, il décide de tourner autour de son… matelas crasseux : quelques 1 000 tours à atteindre presque chaque jour.

Il a désormais un plan en tête, un plan invraisemblable pour ne pas dire délirant : voler la clé qui ouvre sa porte. Pour retrouver la liberté, il lui faut aussi débloquer le loquet rouillé du portail situé dans une cour poussiéreuse où il effectue sa promenade quotidienne. Discrètement, pendant des jours, il va graisser ce loquet avec de l’huile récupérée dans sa nourriture. Et le 16 novembre 2013, onze mois après son enlèvement, il s’échappe.

Collomp raconte sa captivité et livre avec de nombreux détails son improbable plan d’évasion. Son témoignage face caméra est limpide et bouleversant, même si l’on peut regretter des reconstitutions sensationnalistes. Mustapha Kessous

« Otage, 332 jours pour m’évader », de Franck Guérin (France, 2018, 70 minutes). Disponible sur Mycanal.fr.