Maxime Nicolle alias « Fly Rider », une des figures du mouvement des « gilets jaunes », lors d’une conférence de presse à Versailles, le 13 décembre. / Aline Leclerc / Le Monde

Ils aiment les symboles. Ainsi avaient-ils donné rendez-vous devant la salle du Jeu de paume, à Versailles, où les députés du tiers état firent le serment, le 20 juin 1789, de ne pas se séparer tant qu’une nouvelle Constitution donnant plus de pouvoir au peuple n’aurait été adoptée.

Ce jeudi 13 décembre, à deux jours d’un nouveau samedi de manifestation nationale des « gilets jaunes », des figures du mouvement ont fait devant la presse le serment « de ne pas se séparer avant d’avoir obtenu la présentation au peuple français par référendum du référendum d’initiative citoyenne, du recul des privilèges de l’Etat et de la baisse des prélèvements obligatoires ».

Dans le détail, Priscillia Ludosky, à l’origine d’une pétition signée par plus d’un million de personnes pour la baisse des taxes sur le carburant, a demandé « une baisse sérieuse de toutes les taxes et impôts sur les produits de première nécessité » ainsi qu’une « baisse significative de toutes les rentes, salaires, privilèges, retraites courantes et futures des élus et hauts fonctionnaires ». Des mesures soumises aux internautes sur leur site et plébiscitées, selon ces porte-parole, par des dizaines de milliers de visiteurs.

Mais « notre colère ne repose pas que sur le porte-monnaie, a insisté Maxime Nicolle, alias « Fly Rider ». Elle vient de ce que nous, Français, n’avons plus aucun contrôle sur la marche de notre pays. Nous n’oublions pas le traité de Lisbonne, nous n’oublions pas les belles promesses jamais accomplies ». « Vous avez dit, M. le président, sentir le malaise démocratique dans le pays. Mais que proposez-vous pour le résoudre ? Rien. »

4 points soumis à référendum

Ils ont demandé que soit soumis à référendum un texte proposant de modifier la Constitution reposant sur quatre points :

  • donner au peuple le droit de déclencher un référendum en vue de modifier la Constitution et interdire toute modification de la Constitution ;
  • donner au peuple le droit de rédiger ou abroger une loi sur le sujet qu’il choisit ;
  • donner au peuple le droit de demander un référendum sur toutes les lois votées par le Parlement ;
  • obliger le président de la République à présenter tous les traités, accords et pactes internationaux au référendum avant ratification.

« On veut que les gens puissent décider en Assemblée, débattre des sujets et pas qu’une fois tous les cinq ans, en laissant ensuite les élus faire ceux qu’ils veulent », a résumé Karim, « gilet jaune » de 36 ans.

Dans la matinée, le gouvernement a appelé les « gilets jaunes » à être « raisonnables » après l’attaque meurtrière de mardi soir à Strasbourg et à « ne pas manifester » samedi.

« Des gens vont nous rejoindre »

Disant vouloir rester « pacifistes » et ne pas chercher à « mettre en danger la République, ni à déstabiliser l’Etat », ces « gilets jaunes » ont fini leur intervention par un « on lâche rien », exprimant la volonté, commune selon eux à l’ensemble des « gilets jaunes », de continuer le mouvement ce week-end.

« Les gilets jaunes s’inquiètent car on leur dit à la télévision que les gens ne soutiennent plus le mouvement. Mais c’est faux. Au contraire, j’ai vu des gens qui, en colère devant les propositions du président de la République, vont nous rejoindre » a indiqué Maxime Nicolle.

« Et quand on parle d’attentat terroriste, ça fait peur aux gens, arrêtez de faire monter ça ! » a-t-il dit à la presse. Accusé d’avoir tenu des propos complotistes sur l’attentat de Strasbourg, il a nié en bloc : « Je ne conteste pas cet événement dramatique, et on pense aux familles. Je dis que pour l’instant, on ne sait pas si c’est une attaque terroriste car il n’y a pas de revendication. (…) Ce gouvernement essaye de récupérer cette opportunité pour ne plus se focaliser sur les gilets jaunes, nous ne sommes pas dupes. »

Priscillia Ludosky avait été reçue fin novembre par le ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy. Depuis, ils n’ont pas eu d’autres contacts avec le gouvernement.

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