Affaire Benalla : Vincent Crase aurait reçu près de 300 000 euros d’un oligarque russe
Affaire Benalla : Vincent Crase aurait reçu près de 300 000 euros d’un oligarque russe
Selon Mediapart, un proche de Vladimir Poutine, suspecté par plusieurs magistrats européens d’être lié à la mafia russe, a rémunéré la société de sécurité du gendarme.
Un oligarque russe, proche du président Vladimir Poutine, suspecté par plusieurs magistrats européens d’être lié à la mafia russe, a rémunéré la société de sécurité de l’un des principaux protagonistes de l’« affaire Benalla », le gendarme Vincent Crase, selon une enquête de Mediapart révélée lundi 17 décembre.
Le site d’information a retrouvé la trace d’un versement de 294 000 euros, le 28 juin 2018, à une date où M. Crase était encore salarié du parti présidentiel La République en marche (LREM) au titre de responsable adjoint « sûreté et sécurité » du mouvement.
Vincent Crase avait été introduit auprès de LREM par Alexandre Benalla, chargé de mission, coordinateur de différents services lors des déplacements officiels et privés d’Emmanuel Macron. Il a également travaillé, entre novembre 2017 et mai 2018, comme réserviste de l’Elysée auprès du commandement militaire de la présidence de la République.
Lien avec un groupe criminel moscovite
Alexandre Benalla et Vincent Crase sont tous deux mis en examen, notamment pour les violences commises sur des manifestants le 1er mai à Paris. Révélée par Le Monde, l’affaire Benalla avait contraint l’Elysée à se séparer définitivement d’Alexandre Benalla, qui avait seulement écopé d’une mise à pied de quinze jours en mai. Vincent Crase n’avait été, quant à lui, licencié de LREM que le 31 juillet 2018.
Selon Mediapart, c’est au cours du premier semestre 2018 que des discussions ont été engagées à Paris entre un intermédiaire français proche de l’oligarque russe Iskander Makhmudov et Vincent Crase. Le contrat portait sur la protection de proches et de biens de M. Makhmudov, lequel est à la tête d’un empire industriel et détenteur de plusieurs propriétés en France. L’homme d’affaires est soupçonné d’être lié au groupe criminel moscovite Ismajlovskaya, réputé comme l’un des plus dangereux au monde, d’après des documents judiciaires obtenus par Mediapart en Espagne et en Allemagne.
Dans son enquête, Mediapart révèle le versement, en juin, de 294 000 euros émis depuis un compte à Monaco d’Iskander Makhmudov, au profit de la société de Vincent Crase, Mars conseil. Pour réaliser son contrat russe, M. Crase aurait eu recours à une autre entreprise de sécurité, baptisée « Velours », ancien employeur d’Alexandre Benalla.
« Prestataires de service »
« Nous avons été prestataires de service contractuellement pour la société de conciergerie Mars de M. Crase qui a fait appel à nos services pour une prestation de service réglementée pour l’un de ses clients », a précisé la société Velours à Mediapart.
Interrogé par Mediapart, Alexandre Benalla a assuré n’avoir joué aucun rôle dans le contrat russe de son ancien collègue. « Je n’ai jamais pris part à la moindre négociation, ni de près ni de loin, avec M. Makhmudov ou ses représentants concernant le contrat avec la société Mars et M. Vincent Crase », s’est-il défendu.
De son côté, Vincent Crase n’a souhaité faire aucun commentaire aux journalistes de Mediapart.
Notre sélection d’articles sur l’affaire Benalla
Retrouvez nos principaux contenus liés à l’affaire Benalla :
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- D’une ZUP d’Evreux jusqu’au premier cercle du président : récit de l’ascension mystérieuse de cet homme.
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- Après une semaine de silence, Emmanuel Macron s’est finalement exprimé devant des députés, dans un discours que nous avons décrypté point par point.
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- De leur côté, les deux personnes molestées place de la Contrescarpe ont livré leur version des faits