Des salariés d’Ascoval, à l’usine nordiste de Saint-Saulve, le 12 décembre. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Le suspense était encore à son comble, mercredi 19 décembre au matin. Restent que tous les signaux étaient au vert. La chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg devait bien autoriser Altifort à reprendre l’aciérie d’Ascoval. Le groupe franco-belge, soutenu à la fois par les salariés de l’aciérie de Saint-Saulve (Nord) et les pouvoirs publics, a en effet convaincu en audience la justice commerciale.

Après la reprise du groupe Ascométal, en janvier, Ascoval, codétenue par cette société reprise par Schmolz + Bickenbach et Vallourec, avait été laissé au bord du chemin. A charge pour le TGI de Strasbourg de lui trouver un repreneur. Plusieurs sociétés et fonds ont marqué leur intérêt pour l’usine modernisée, en 2014, par Vallourec, mais seul Altifort a persévéré.

Le groupe dirigé par Bart Gruyaert et Stanislas Vigier, qui a repris une vingtaine d’usines mécaniques, ces dernières années, s’engage à sauver 281 emplois du site valenciennois. Pour cela, il a accepté de se passer des commandes du spécialiste des tubes sans soudure pour le secteur parapétrolier.

152 millions d’euros investis

Depuis plusieurs semaines, les équipes d’Altifort et d’Ascoval cherchent, sans relâche, des clients pour assurer, à l’avenir, la charge de l’usine. Le groupe assure disposer de lettres d’engagements suffisantes pour écouler la production d’acier ordinaire et d’aciers spéciaux pour les années à venir. Le groupe franco-belge a également prévu d’investir dans un train à fil, qui permettra de monter dans la chaîne de valeur et de fournir les tréfileries du groupe. Plusieurs dizaines de nouveaux emplois devraient être créés.

Pour financer son développement, le groupe industriel, qui compte 1 500 salariés, a l’intention d’investir 152 millions d’euros à Saint-Saulve. La société apportera 35 millions d’euros. Elle mobilisera également 40 millions d’euros de crédit-bail pour le financement du futur train à fil et 30 millions d’euros d’affacturage. Enfin, l’Etat, la région Hauts-de-France et Valenciennes se sont engagés à prêter jusqu’à 47 millions d’euros.

Même si le chemin est étroit, le cabinet Roland Berger a jugé crédible, début novembre, le projet. Pour le valenciennois et pour les salariés qui vivent dans l’angoisse d’une fermeture de l’usine depuis un an, trouver un repreneur serait un véritable soulagement. Une assemblée générale était d’ores et déjà convoquée, mercredi, à 14 heures, à l’usine, afin de faire le point sur les décisions de justice. La reprise effective par Altifort de cette aciérie créée en 1975 est prévue le 1er février 2019.