L’imam de la grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataï, a été mis en examen cette semaine pour provocation à la haine ou à la violence, a fait savoir, vendredi 21 décembre, le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari.

Le parquet avait été saisi le 28 juin par le préfet de Haute-Garonne d’un « signalement de faits susceptibles de constituer le délit d’incitation à la haine relativement à des propos tenus à l’occasion d’un prêche en langue arabe ».

Les propos de l’imam avaient été enregistrés sur vidéo dans une salle de prière en décembre 2017 et diffusés sur Internet par le site du Memri (acronyme de Middle East Media Research Institute – Institut de recherche des medias du Moyen-Orient). Dans cette vidéo, l’imam franco-algérien, qui officie dans le quartier d’Empalot depuis plus de trente ans, aurait cité un hadith (parole de Mahomet recueillie par ses femmes et ses compagnons) antisémite.

Le prêche, prononcé en arabe comme toujours par cet imam, évoquerait notamment, selon le Memri, « les juifs qui se cacheront derrière les pierres et les arbres, et les pierres et les arbres diront : Ô musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un juif qui se cache derrière moi, viens le tuer ».

Provocation à la haine ou à la violence

A la fin de juin, le parquet de Toulouse avait ouvert une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire, qui a pu vérifier le contenu et les modalités de cette diffusion. Les propos de l’imam ont également été traduits dans le cadre judiciaire par un interprète assermenté.

Le parquet avait ensuite requis, en septembre, l’ouverture d’une information judiciaire pour « provocation publique, par parole et au moyen de communication au public par voie électronique, à la haine ou à la violence ». Interrogé par des médias locaux sur son prêche controversé, l’imam s’était excusé auprès de la communauté juive, en expliquant que ses propos avaient été sortis de leur contexte.

La grande mosquée de Toulouse a été inaugurée le 23 juin après treize ans de travaux. Elle peut accueillir 3 000 fidèles – ce qui en fait le plus grand lieu de culte musulman de la ville –, et sa construction a coûté 5,5 millions d’euros.