Le nouveau vélo à assistance électrique Véligo. / Olivier Razemon / Le Monde

Comment ça, encore un nouveau vélo ? Après Vélib’, et alors que les vélos partagés en free-floating (sans borne d’attache) Mobike ou Oribiky ont fait leur apparition, la région Ile-de-France présente, vendredi 21 décembre, son Véligo, qui devrait être opérationnel en septembre. Alors que le Vélib’ est vert ou bleu ciel et que le Mobike se pare d’orange, le nouveau venu arbore un cadre turquoise, le même bleu que celui qui orne désormais les tickets de métro, les Pass Navigo, les bus franciliens et jusqu’au logo d’Ile-de-France mobilités (IDFM, ex-STIF), l’autorité qui organise les transports en région parisienne.

Il serait tentant de présenter le Véligo comme un concurrent direct du Vélib’ parisien, étendu à 65 villes de banlieue depuis un an. Le « Véligo Pécresse » contre le « Vélib’ Hidalgo », du nom des responsables politiques respectives de la région (Les Républicains) et de la Ville de Paris (Parti socialiste)? En réalité, les deux services sont complémentaires : si le Vélib’ s’emprunte pour une demi-heure ou un peu plus, le Véligo sera destiné à une location de longue durée, six mois minimum.

Les utilisateurs pourront louer ce vélo à assistance électrique pour 40 euros par mois, dont la moitié potentiellement remboursée par leur employeur, et le conserveront à domicile pendant la durée de la location. « Nous aimerions habituer les Franciliens au vélo à assistance électrique, afin de les inciter à en acquérir un ensuite », explique-t-on chez IDFM. Ce fonctionnement, qui fait ses preuves à Strasbourg ou à Grenoble, coûte beaucoup moins cher à la collectivité que le vélo en libre-service classique.

Un vélo très maniable

Le Véligo se révèle très maniable. Pesant 23,5 kg, soit deux kilos de moins que le Vélib’ électrique, il offre trois niveaux d’assistance, « éco », « standard » et « sport », ainsi que trois vitesses. Le passage d’un niveau à l’autre est souple, le freinage progressif. Tout ceci suffit amplement pour grimper, nous l’avons testé, en haut de la butte Montmartre sans effort, malgré les rues pentues et les pavés disjoints. L’assistance électrique permet, outre des trajets plus longs et des montées appréciables, de se dégager prestement d’une situation stressante dans la circulation dense que l’on connaît bien en région parisienne.

Le vélo turquoise, qui n’existe pour l’instant qu’à l’état de prototype, sera assemblé à l’usine de Cycleurope Industries, à Romilly-sur-Seine (Aube). 10 000 bicyclettes seront disponibles à partir de début septembre, 20 000 dans les mois suivants si le succès est au rendez-vous. Plus tard, 500 « vélos-cargos », dotés de baquets permettant le transport de courses ou d’enfants, seront également proposés à la location. D’ici là, les personnes intéressées sont invitées à effectuer une pré-inscription sur un site dédié. Elles pourront retirer leur bien dans l’un des 200 points de location répartis dans toute la région.

Le marché, d’une valeur de 62 millions d’euros pour la première tranche de 10 000 vélos, a été octroyé à un consortium baptisé Fluow et réunissant l’opérateur de transports publics Transdev, La Poste, et les sociétés Vélogik et Cyclez, spécialisées dans la gestion de flottes de vélos.

Une bonne nouvelle pour les associations de cyclistes

L’exécutif régional mise beaucoup sur ce dispositif pour convaincre une partie des Franciliens, dans cette région aux transports saturés, de se déplacer sur une selle. « Evidemment, personne ne préconise d’effectuer les trajets Evry-Paris [36 km] à vélo. Mais 78 % des 40 millions de trajets effectués chaque jour en Ile-de-France font moins de 5 km. Le potentiel du vélo est énorme », assure Stéphane Beaudet, vice-président (divers droite) de la région chargé des transports.

Pour les associations de cyclistes franciliennes, le déploiement de la location de longue durée est une bonne nouvelle. « Nous y sommes très favorables, car ce système peut amener de nouveaux utilisateurs à découvrir l’intérêt de se déplacer à vélo », estime Alexis Frémeaux, président de Mieux se déplacer à bicyclette, la plus ancienne association de la région. En revanche, le militant regrette que « la région Ile-de-France ne propose que des vélos à assistance électrique, et non des vélos classiques. Par ailleurs, les élus ne semblent considérer le vélo que comme une substitution aux transports en commun, et pas comme un moyen de rabattement vers les gares ». Selon lui, la location d’un Véligo devrait pouvoir se combiner avec l’usage d’un Pass Navigo, ce qui n’est pas prévu actuellement.

Encore faut-il pouvoir pédaler en toute sécurité. La région prévoit de dépenser, dans les années qui viennent, autour de 20 millions d’euros par an pour aider les collectivités territoriales à aménager des pistes cyclables, des parkings sécurisés ou des guichets d’information et de conseil sur l’usage du vélo.

Quelles aides pour l’achat d’un vélo électrique

Aide nationale. Depuis février 2018, l’Etat verse une prime aux acquéreurs de vélos électriques neufs qui ne sont pas imposables et qui bénéficient par ailleurs d’une subvention de leur commune. Les deux aides cumulées ne peuvent dépasser 200 euros.

Aide parisienne. Plus ancienne (2009) et plus généreuse, mais non cumulable avec la précédente, la subvention de la Mairie de Paris s’élève, pour ceux qui y sont domiciliés, à 33 % du prix d’achat, sous un plafond de 400 euros. La métropole du Grand ­Paris verse jusqu’à 500 euros en cas de remplacement d’un deux-roues thermique immatriculé avant juin 2000 par un vélo à assistance électrique.

Autres aides locales. De nombreuses autres collectivités locales versent des aides allant de 100 à 500 euros aux acquéreurs : Aix-en-Provence, ­Arras, Bayonne, Blois, Bourg-la-Reine, Chambéry, Caen, Colmar, Epinal, Grenoble, Lyon, Orléans, Poitiers, Rueil-Malmaison, Saint-Etienne, Sceaux, Toulon etc. Cer­taines communes, comme Rennes, proposent la location avec option d’achat. Se renseigner auprès de sa mairie.