Une vingtaine de formations politiques soudanaises ont appelé mardi 1er janvier à un changement de régime pour pouvoir surmonter la crise économique qui a déclenché le 19 décembre des manifestations à travers le Soudan. Ils réclament notamment le départ du président Omar Al-Bachir, au pouvoir depuis 1989.

« Le régime de Bachir n’est pas en mesure de surmonter la crise, en raison de son isolement politique, économique, régional et international », estiment ces formations dans un communiqué conjoint, rendu public au cours d’une conférence de presse à Khartoum.

Les manifestations ont gagné plusieurs villes y compris la capitale Khartoum, après une hausse des prix du pain, passé mi-décembre d’1 livre à trois livres soudanaises (de 2 à 6 centimes d’euros), en plein marasme économique.

Manifestants tués et opposants arrêtés

La contestation s’est vite transformée en un mouvement contre le régime du président Bachir qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’Etat en 1989. Durant les premiers jours de la contestation, des bâtiments et des bureaux du parti du Congrès national, au pouvoir, ont été incendiés par les manifestants.

Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées, selon un bilan officiel. L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a fait état de 37 morts. Les forces anti-émeutes ont dispersé les manifestations à coups de gaz lacrymogène notamment, alors que les services de sécurité ont arrêté plusieurs leaders et militants de l’opposition.

« Le président Omar Al-Bachir a ordonné la création d’une commission d’enquête, présidée par le ministre de la justice, pour se pencher sur les évènements des derniers jours », a rapporté l’agence officielle Suna, citant un décret présidentiel.

Vendredi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait appelé les autorités soudanaises à « mener une enquête approfondie sur les morts et la violence » et souligné la nécessité de « garantir la liberté d’expression et de rassemblement pacifique ».