Le 41e Dakar de l’histoire (7 au 17 janvier) s’élance lundi sur un parcours en boucle avec départ et arrivée à Lima, exclusivement sur le territoire péruvien. Une première dans l’histoire du Paris-Alger-Dakar initial fondé en 1978 par Thierry Sabine qui avait pris l’habitude de sillonner différents pays, d’abord en Afrique puis en Amérique du Sud. La course aux origines africaines s’est ainsi déplacée depuis dix ans de l’autre côté de l’Atlantique suite à la menace terroriste d’Al-Qaida qui a causé l’annulation de l’épreuve en 2008, puis son exil sud-américain dès l’année suivante.

Cette édition 2019 du Dakar sera inédite car pour la première fois, elle ne traversera qu’un seul et unique pays : le Pérou. / FRANCK FIFE / AFP

Luc Alphand, qui a connu la joie du succès sur le sable africain en 2006, ne regrette pourtant pas ce changement de continent. « Le premier départ en Argentine a rassemblé quasiment un million de personnes dans les rues de Buenos Aires, les gens sont des fous de sport automobile en Amérique du Sud », explique l’ancien skieur. Le Dakar sud-américanisé emporta, à l’époque, quand même avec lui le nom de la capitale sénégalaise privatisée en tant que marque et symbole du plus célèbre des rallyes-raids.

Depuis, dix courses se sont succédé, de l’essence a coulé sous les pots d’échappements et le futur du Dakar n’a jamais paru aussi incertain. Au moment de son arrivée à Buenos Aires en 2009, il avait fait évoluer son modèle économique en demandant aux pays traversés par l’épreuve une participation économique de plusieurs milliers d’euros tandis que les anciens hôtes africains offraient quant à eux uniquement leurs services sans pour autant contribuer de manière financière.

Cette édition 2019, qui ne compte seulement que 10 étapes, a été raccourcie pour l’occasion en raison du refus du Chili, de la Bolivie et de l’Argentine d’organiser un événement d’une telle ampleur. Ces nations doivent composer avec un contexte économique très restrictif et « des raisons de politique intérieure », regrette le directeur de la course, Etienne Lavigne.

Un retour compliqué en Afrique

Amaury Sport Organisation, patron de la course, doit désormais vite réfléchir au lieu idéal, capable d’assurer la sécurité d’une telle compétition. L’organisateur pourrait prendre exemple sur l’Africa Eco Race, créée en 2009 par d’anciens vainqueurs de l’ex-Paris-Dakar tels que Jean-Louis Schlesser et Hubert Auriol, dans le but de retrouver les valeurs humaines du Dakar, le tout dans de nouveaux aspects environnementaux et sécuritaires. Pour ce dernier, triple vainqueur de la course originelle en moto (1981 et 1983) puis en auto lors de l’année 1992, « le retour du Dakar en Afrique paraît compliqué à cause de la montée du terrorisme mais il y a la possibilité d’organiser des courses sur cette bande côtière ouest, entre le Maroc et la Mauritanie, où en onze ans d’Africa Eco Race, il n’y a jamais eu aucun incident. »

Etienne Lavigne, lui, prend son temps avec son équipe pour choisir la meilleure destination possible. « On travaille déjà depuis plusieurs mois sur plusieurs scénarios dont un qui pourrait se dérouler en Amérique du Sud mais tout cela nécessite du temps, on est en mode chantier actuellement ». La piste africaine semble quant à elle se refroidir. « On a une affection toute particulière pour l’Afrique, on se prive de retourner là-bas car la situation ne permet actuellement toujours pas d’assurer la sécurité d’un événement de cette taille », regrette-t-il.

« L’ADN du Dakar »

Le Dakar est donc dans l’expectative et s’élancera dans une certaine indifférence en France, par rapport aux années 80/90. « Nous avons une couverture télé exceptionnelle avec 1 200 heures de programme qui vont être retransmises dans presque 180 pays à travers le monde entier », préfère rappeler Etienne Lavigne. Lundi, 330 concurrents prendront le départ d’une course au format réduit (deux fois cinq jours de compétitions entrecoupés d’une journée de repos à Arequipa).

Sébastien Loeb est en quête d’un premier titre au Dakar. L’année dernière, il avait abandonné suite à la blessure de son copilote, Daniel Elena. / FRANCK FIFE / AFP

Parmi eux, des grands noms du sport automobile, de Stéphane Peterhansel (recordman avec treize Dakar à son actif), à Cyril Desprès et ses cinq titres en moto en passant par Sébastien Loeb, qui voudra inscrire une nouvelle ligne à son palmarès (neuf fois champion du monde WRC). Tous rêvent de succéder à Carlos Sainz, vainqueur en 2018 en catégorie auto dans « un Dakar très intense, très relevé en matière de difficultés, avec l’ADN du Dakar : le sable, les dunes, la navigation, l’effort physique dans des paysages magnifiques mais très hostiles », promet Etienne Lavigne. Reste pour lui et ses équipes à trouver un pays – ou des pays – volontaires pour proposer ce même théâtre de jeu en 2020.