Bisbille entre les Nations unies et le Guatemala sur la commission anti-corruption
Bisbille entre les Nations unies et le Guatemala sur la commission anti-corruption
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Les autorités du pays accusent la Cicig d’interférer dans les affaires intérieures, alors que celle-ci soupçonne l’actuel président de financement illégal.
Le président du Guatemala, Jimmy Morales, à Guatemala City, le 7 janvier. / Moises Castillo / AP
Les Nations unies (ONU) et le Guatemala ferraillaient lundi 7 janvier après l’annonce par le pays d’Amérique centrale de son retrait d’un accord concernant une commission anti-corruption s’intéressant de plus en plus au président Jimmy Morales.
La ministre des affaires étrangères guatémaltèque, Sandra Jovel, a fait savoir au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors d’une réunion au siège de l’organisation à New York que le mandat de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (Cicig) arriverait à échéance dans les 24 heures.
Dans un communiqué, le chef des Nations unies a rejeté « avec fermeté » cette décision, ajoutant que le gouvernement guatémaltèque devait respecter l’accord international.
Fin de mandat en septembre 2019
La Cicig enquête depuis 2007, mais ses relations avec le gouvernement n’ont fait qu’empirer après qu’elle a commencé à s’intéresser au financement de la campagne électorale de M. Morales en 2015. Le fils et le frère du président ont été accusés de fraude fiscale dans le cadre de ces investigations et sont en attente de leur procès.
« Le mandat de la Commission est prévu pour se terminer le 3 septembre 2019 », a insisté le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, dans un communiqué. « Jusqu’à cette date, nous attendons du gouvernement du Guatemala qu’il respecte complètement ses obligations légales en vertu de l’accord ».
Devant la presse à New York, Mme Jovel a accusé la Cicig d’« ingérence » et a affirmé que son pays défendait sa souveraineté en supprimant cet organisme d’enquête.
Démission d’Otto Perez
M. Morales a accusé l’ancien juge colombien Ivan Velasquez, à la tête de la Cicig, d’avoir outrepassé ses fonctions et a ordonné son expulsion du pays. Une mesure bloquée par la Cour constitutionnelle, l’instance judiciaire suprême du Guatemala.
Et après avoir été bloqué par les autorités guatémaltèques pendant 25 heures à l’aéroport, le Colombien Yilen Osorio a finalement été autorisé dimanche à pénétrer sur le territoire grâce à cette même Cour. Membre de la Cicig, il est chargé d’enquêter sur M. Morales pour irrégularités pendant la campagne.
En octobre, le Guatemala avait refusé des visas à douze enquêteurs onusiens. Il avait ensuite retiré en décembre l’immunité et ordonné l’expulsion de onze fonctionnaires de la même Commission.
La Cicig a pris de l’importance en 2015 après avoir révélé une fraude douanière qui a conduit à la démission du président Otto Perez (2012-2015), désigné comme responsable, en plus de mettre en lumière d’autres cas de corruption.