Aide aux migrants : deux militants condamnés à de la prison avec sursis
Aide aux migrants : deux militants condamnés à de la prison avec sursis
Le Monde.fr avec AFP
Le tribunal de Gap, dans les Hautes-Alpes, a condamné, jeudi, deux militants promigrants à trois et quatre mois de prison avec sursis pour « aide à l’entrée irrégulière d’un étranger ».
Deux militants promigrants ont été condamnés, jeudi 10 janvier, à trois et quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Gap (Hautes-Alpes) pour « aide à l’entrée irrégulière d’un étranger » en France, a-t-on appris auprès de leurs avocats.
Suspecté, selon le ministère public, d’avoir « facilité la fuite de quatre migrants » lors d’un contrôle de police en janvier 2018, Pierre Mumber a écopé de trois mois d’emprisonnement avec sursis. Quant à Kevin Lucas, 32 ans, qui était soupçonné d’avoir refusé de stopper son véhicule à bord duquel se trouvaient plusieurs migrants pris en charge à Montgenèvre en mars 2018, il a été condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis.
Le tribunal n’a que partiellement suivi les réquisitions du procureur, qui avait respectivement réclamé à leur encontre une peine de trois et de six mois de prison avec sursis. « Je suis choqué. Pas pour moi, car je sais ce que j’ai fait. Qu’on condamne des gens de cette manière-là, c’est de l’abattage. J’ai honte pour ce tribunal », a réagi Pierre Mumber à l’annonce du jugement, interrogé par le quotidien régional Le Dauphiné libéré.
« Condamnation incohérente »
Les avocats des mis en cause ont fait appel des condamnations. A l’audience, ils avaient demandé en vain son report en raison de l’arrivée tardive entre leurs mains du dossier de leurs clients. Ils ont plaidé la nullité de la procédure pour atteinte aux droits de la défense. « Ces gens-là ne sont pas des délinquants. Cette condamnation est complètement incohérente », a déploré Me Philippe Chaudon, l’avocat de Pierre Mumber, en dénonçant « une parodie de justice ». « Ils n’agissent que par simple conscience humanitaire. La justice cherche à leur faire peur et à les dissuader », a abondé Me Maéva Binimelis, conseil de Kevin Lucas.
En décembre, sept militants, dont deux Français, avaient été condamnés par ce même tribunal à des peines allant jusqu’à quatre mois de prison ferme. Le parquet leur reprochait d’avoir facilité, en avril 2018, l’entrée en France d’une vingtaine de migrants en forçant un barrage dressé par les forces de l’ordre lors d’une manifestation improvisée entre Clavière et Briançon.