La police espagnole a annoncé, jeudi 10 janvier, avoir procédé à des perquisitions et à quinze interpellations dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de matchs de tennis truqués, rapporte l’agence de presse Associated Press.

Les autorités policières ont déclaré avoir agi dans le cadre d’un démantèlement, en octobre 2018, d’un réseau piloté par un groupe organisé d’origine arménienne. Selon Europol, qui soutient cette enquête des autorités espagnoles, ce sont 97 matchs qui auraient été truqués dans les catégories Challenger, le deuxième échelon mondial, et Future, le troisième niveau. Quatre-vingt-trois personnes auraient participé à la fraude.

Ces opérations ont conduit à la saisie de voitures de luxe, d’une arme, de cartes de crédit et de 167 000 euros en liquide.

Parmi les personnes interpellées figurent des joueurs de tennis : si la police n’a communiqué officiellement aucun nom à ce stade, son enquête visait notamment vingt-huit joueurs, dont l’un a joué en 2018 au tournoi de l’US Open, relate l’agence Associated Press.

Les enquêteurs accusent l’Espagnol Marc Fornell-Mestres (36 ans, classé au 1 007e rang mondial) d’avoir servi de lien entre les joueurs et le réseau arménien. Ce dernier a été suspendu à titre provisoire à la fin de 2018, selon l’Unité pour l’intégrité du tennis (TIU).

« Un tsunami » d’infractions

Les opérations de ce type se sont multipliées ces dernières années. Au début de juin 2018, le Parquet fédéral belge avait annoncé l’arrestation de treize personnes en Belgique, et de deux personnes aux Pays-Bas, dans le cadre d’une opération policière visant « une organisation criminelle belgo-arménienne » spécialisée dans le trucage de matchs de tennis.

Là aussi, les soupçons de corruption concernaient des joueurs évoluant dans les tournois secondaires (niveaux Challenger et Future).

A la suite de ces treize interpellations, cinq Arméniens avaient été écroués en Belgique après leur mise en examen, notamment pour corruption et blanchiment d’argent.

Quelques semaines plus tôt, à la fin d’avril, un rapport indépendant, rédigé par l’unité pour l’intégrité du tennis (TIU), avait mis en évidence l’existence d’un très grand nombre de matchs truqués dans les petits tournois : l’un des enquêteurs avait parlé d’« un tsunami » d’infractions, de nombreux joueurs acceptant de perdre un jeu, un set ou un match pour gagner leur vie, soit en pariant eux-mêmes soit en étant de mèche avec des parieurs professionnels.

Pour expliquer la corruption à ce niveau – elle toucherait moins le circuit principal de l’ATP et les tournois du Grand Chelem, « bien qu’il y ait des preuves de problèmes à ces niveaux également » – les enquêteurs évoquaient alors les faibles rémunérations des joueurs, qui « créent un terrain fertile pour la fraude ». « Seuls les 250 femmes et 350 hommes les mieux classés gagnent suffisamment d’argent pour être à flot. Il y a pourtant quelque 15 000 joueurs dits “professionnels” », rappelaient-ils.

Selon l’association des parieurs sportifs, plus des trois quarts des opérations suspectes concernent le tennis, qui n’est pourtant que le quatrième sport en matière de paris.