Le président du Parlement vénézuélien arrêté par les services de renseignement
Le président du Parlement vénézuélien arrêté par les services de renseignement
Le Monde.fr avec AFP
Trois jours après le début du second mandat de Nicolas Maduro à la présidence du pays, le président du Parlement Juan Guaido, seule institution contrôlée par l’opposition, a été arrêté dimanche, au nord de Caracas.
Juan Guaido, président de l’assemblée nationale, et membre du principal parti d’opposition, lors d’une conférence de presse à Caracas, le 10 janvier 2019. / Carlos Garcia Rawlins / REUTERS
Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, la seule institution contrôlée par l’opposition, a été arrêté dimanche par les services de renseignement, au moment où il se rendait à une réunion publique à l’extérieur de Caracas, ont annoncé son épouse et des députés.
« Le Sebin [Service bolivarien de renseignement national] a arrêté Juan Guaido », a écrit sur son compte Twitter Fabiana Rosales, l’épouse du président du Parlement. Des députés, qui attendaient M. Guaido sur les lieux de la réunion publique à Caraballeda, à 40 km de la capitale, ont confirmé cette arrestation.
Peu de temps après, le message suivant a été diffusé sur le compte Twitter officiel de Juan Guaido : « Nous alertons le monde et le pays qu’aujourd’hui 13 janvier un commando du Sebin a intercepté le président de l’Assemblée nationale du Venezuela et nous ne savons pas où il se trouve ».
« Alors que nous nous trouvions sur l’autoroute (…) nous avons été interceptés par deux fourgons du Sebin, avec des hommes armés et encagoulés qui ont ouvert notre véhicule, nous ont obligés à descendre, ils ne l’ont pas frappé, mais ils nous ont dit qu’ils devaient procéder à son arrestation immédiatement », a précisé Fabiana Rosales, dans une conversation téléphonique rendue publique par la députée Larissa Gonzalez.
Guaido avait appelé à se mobiliser contre Maduro, présidente « illégitime »
Vendredi, au lendemain de l’investiture de Nicolas Maduro pour un deuxième mandat contesté, Juan Guaido, 35 ans, avait rappelé devant un millier de personnes à Caracas que la Constitution vénézuélienne lui donnait la légitimité pour assumer le pouvoir dans le cadre d’un gouvernement de transition. Il avait alors appelé à une « grande mobilisation dans tous les coins du Venezuela » le 23 janvier en faveur d’un tel gouvernement de transition. La date fait symboliquement référence au 23 janvier 1958, date de la chute du dictateur Marcos Perez Jimenez.
« Est-il suffisant que nous nous en tenions à la Constitution sous une dictature ? Non. Le peuple vénézuélien, l’armée et la communauté internationale doivent nous porter au pouvoir », avait déclaré M. Guaido.
Le 6 janvier, le Parlement avait déclaré illégitime le nouveau mandat du président Nicolas Maduro qui a commencé le 10 janvier. M. Maduro a été réélu le 20 mai pour un nouveau mandat de six ans à l’issue d’une présidentielle contestée. Les principaux partis d’opposition avaient boycotté ce scrutin marqué par une forte abstention. L’Union européenne a quant à elle considéré que l’élection présidentielle de mai 2018 n’avait été « ni libre ni crédible », et a demandé l’organisation d’un nouveau scrutin, « libre et juste ».
Les Etats-Unis, le Canada et les pays membres de l’Union européenne n’ont pas assisté à la cérémonie d’investiture du 10 janvier. Seuls les dirigeants de Cuba, du Nicaragua et de Bolivie avaient fait le déplacement, aux côtés de représentants de la Chine et de la Russie.