Sur Parcoursup, la fin de la sectorisation académique en Ile-de-France dès 2019
Sur Parcoursup, la fin de la sectorisation académique en Ile-de-France dès 2019
Par Natacha Lefauconnier
Les lycéens des académies de Versailles, Créteil et Paris seront traités de manière égale dans toutes les universités d’Ile-de-France, dès cette année, annonce la ministre Frédérique Vidal.
La tour de Sorbonne Université, l’un des établissements parisiens les plus demandés. / ETIENNE LAURENT / AFP
C’est désormais officiel : en Ile-de-France, Parcoursup va lever la barrière du périphérique, et ce dès 2019. Qu’ils soient rattachés aux académies de Paris, Versailles ou Créteil, « tous les futurs étudiants franciliens ont une vocation égale à accéder toutes les formations d’Ile-de-France, sans distinction entre les trois académies concernées ». C’est ce qu’annonce Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, mercredi 16 janvier. Elle recevait aujourd’hui le sénateur Laurent Lafon (UDI), chargé d’une mission sur la désectorisation en Ile-de-France.
En 2018, la création de quotas géographiques – c’est-à-dire de taux de bacheliers maximum venant d’une autre académie, fixés dans chaque licence par le rectorat – avait jeté de l’huile sur le feu. Et donné lieu à de multiples tensions dans la région parisienne entre recteurs et présidents d’université. Des lycéens de banlieue ont ainsi pu se sentir discriminés, n’ayant pas le même accès aux licences parisiennes que leurs camarades scolarisés intra-muros, et se retrouvant sur un pied d’égalité avec les étudiants provinciaux. Et ce, alors même que les établissements parisiens offrent au total 53 000 places en première année pour 24 000 néobacheliers à Paris. A l’inverse, les académies de Créteil et de Versailles comptent plus de bacheliers que de places dans l’enseignement supérieur.
De part sa taille et l’attractivité de ses établissements, la région-capitale bénéficiait déjà, en 2018, d’un statut particulier. Mais les règles étaient complexes et peu lisibles pour les candidats. Ainsi, 30 % des licences franciliennes (dans certaines disciplines en tension comme Staps, Paces et psychologie) avaient été « régionalisées », traitant les candidats des trois académies franciliennes (Créteil, Paris et Versailles) sur un pied d’égalité. Les autres licences avaient conservé un recrutement académique : des quotas « hors académie » s’appliquaient, et à Paris, la demande d’un lycéen de Créteil était traitée de la même manière que celle d’un lycéen de Rennes. Dès cette année, l’Ile-de-France sera donc le secteur de référence pour la mise en œuvre des « taux de mobilité » fixés par les recteurs pour les licences.
Réduction du temps de transport, un facteur de la réussite
Si cette mesure de désectorisation rend plus lisible et équitable la procédure pour les lycéens franciliens, elle pourrait aussi leur faciliter la vie. En effet, les universités parisiennes sont parfois plus facilement accessibles en transports aux élèves de la couronne parisienne que leur université de rattachement académique. « Or, on sait que le temps de transport est un facteur important dans la réussite étudiante, surtout en première année », rappelait M. Lafon, vendredi 11 janvier, lors d’une conférence sur ce sujet, au Salon Postbac, à La Villette, à Paris. D’autant, renchérissait Stefano Bosi, vice-chancelier des universités de Paris, que « la finalité ultime de Parcoursup est de réduire le taux d’échec dans l’enseignement supérieur ».
Mais si nombre étudiants ont à gagner dans cette régionalisation du recrutement universitaire, certaines universités de périphérie ne le voient pas d’un si bon œil, et craignent que leurs meilleurs bacheliers privilégient la capitale au détriment de leurs formations. Annick Allaigre, présidente de l’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, avait défendu le maintien de la sectorisation en 2018, « pour disposer d’une période de transition afin d’expliquer aux étudiants que toute mobilité n’est pas bénéfique, et qu’il peut y avoir une grande chance à rester dans son université de proximité ». La sectorisation permet, selon elle, de faire réussir des lycéens qui viennent de milieux défavorisés. « Les universités en banlieue ont des spécificités pour accompagner ces publics. Nous avons un vrai savoir-faire », plaide Mme Allaigre.
Accroître l’accès des boursiers aux formations
« Ce siphonnage des meilleurs élèves de la couronne relève du fantasme », répondait, vendredi 11 janvier, le vice-chancelier des universités de Paris. Pour preuve, il met en avant le pourcentage de mentions « très bien » et « bien » des bacheliers admis en licence.
Si ce taux a fortement augmenté à Paris, passant de 29 % en 2017 à 40 % en 2018, il en va de même dans les autres académies : de 12,6 % à 19 % pour Versailles et de 11,2 % à 12,4 % pour Créteil. L’explication ? « Parcoursup permet aussi d’attirer les bons élèves de province dans les formations de l’Ile-de-France », avance M. Bosi. A cela s’ajoute une certaine désaffection des têtes de classe pour les classes préparatoires. « On a observé une baisse de 8,2 % des inscrits dans les classes préparatoires parisiennes, alors que le recrutement a été stable dans les deux autres académies », confirme le vice-chancelier.
Outre les quotas géographiques, la nouvelle plate-forme Parcoursup prévoit aussi la négociation, entre rectorat et établissements, d’un taux de boursiers de l’enseignement secondaire minimum pour chaque formation. Ce plancher était de 7 % à Paris, mais la moyenne constatée dans les universités parisiennes a atteint 12 % à la rentrée 2018. Dans le cadre de sa mission, le sénateur Laurent Lafon a aussi été chargé de proposer un « taux minimal de référence » pour accroître encore l’accès des boursiers aux formations d’Ile-de-France.